✋ Ouvrir La Fille de Jonathan Becker, d’Antoine Renand (Harper Collins Noir, 2025), c’est accepter de s’enfoncer dans un labyrinthe de mémoire et de culpabilité, là où le sang d’un père rejaillit sur la vie de sa fille.
📌 La Fille de Jonathan est paru en 2025 aux éditions Harper Collins, dans la collection Harper Collins Noir.
Dès les premières pages, on comprend qu’on ne va pas lire un simple thriller, mais une plongée dans l’enfer d’une femme marquée à vie par le nom qu’elle porte. Jessica Becker, fille d’un des tueurs en série les plus redoutés de France, tente de se reconstruire, de changer d’identité, de fuir un passé qui la hante. Quand des crimes imitant ceux de son père ressurgissent, elle se retrouve au cœur d’une enquête où chacun la regarde avec méfiance, voire fascination.
√ UNE ATMOSPHÈRE OPPRESSANTE Antoine Renand installe une tension continue, presque poisseuse. La frontière entre victime et coupable devient floue, la paranoïa gagne chaque page. 📌 L’auteur joue avec les attentes du lecteur, distillant indices et fausses pistes avec une rigueur impressionnante.
√ UN CHANGEMENT DE FOCALE J’avais déjà été séduit par L’Empathie, où Renand explorait la tête des tueurs avec une précision clinique. Ici, il inverse la perspective : ce ne sont plus les bourreaux, mais ceux qui subissent, qui portent le récit. On ne sait pas qui ment, qui souffre — et cette incertitude rend le roman captivant.
√ DES QUALITÉS, MAIS UN DÉSÉQUILIBRE NARRATIF 📌 Le suspense est réel, les rebondissements efficaces. Mais Renand se perd dans les points de vue : interne, externe, omniscient, parfois dans un même paragraphe. Ce mélange trouble la lecture, casse le rythme et donne l’impression que l’auteur hésite sur sa manière de raconter.
√ UN STYLE PERFECTIBLE Je ne demande pas à un thriller d’avoir la prose d’un Goncourt, mais un minimum de rigueur. Certaines phrases sont bancales, la syntaxe heurte. Le texte méritait un travail d’édition plus poussé. ⚖️ Ce n’est pas une question de faute, mais de justesse. Et c’est frustrant, car Renand a du talent.
√ UNE FIN TROP CONVENUE 📌 Sans rien dévoiler, disons que le dénouement manque de souffle. Les personnages évoluent sans profondeur nouvelle, la tension s’effondre avant le dernier virage. L’ensemble se lit bien, mais on en sort avec une impression d’inachevé.
√ VERDICT La Fille de Jonathan Becker est un thriller solide, rythmé, efficace, mais un peu trop sage. Antoine Renand reste un auteur prometteur, mais ce roman manque d’ambition dans la forme et d’audace dans le fond.
✍️📖 Chronique signée Michel BLAISE, © 2025 — Lecteur Impertinent