"Cherchez-le, sentez-le avec vos mains, ne réfléchissez pas… Soyez plus sage que votre tête." (Matt Damon, La Légende de Bagger Vance)
Mariés depuis 25 ans, Juliet et François forment un couple comblé. Elle, 45 ans, professeur et sociologue à Paris, est passionnée par la littérature anglaise, celle qui raconte la vie d’héroïnes amoureuses, tourmentées, malmenées, violentées. Ces personnages l’instruisent et comblent les lacunes d’une "éducation sentimentale" marquée par la disparition précoce de sa mère. Lui, époux aimant, partage avec elle une vie stable et harmonieuse. Trois enfants, un parcours idéal… en apparence.
Pendant huit mois d’amour clandestin, Juliet oscille entre raison et passion, cherchant des réponses dans les romans anglais qui ont bercé son enfance et dans le "petit cahier" laissé par sa mère, son seul héritage. Mais son psychiatre, le docteur Barel, ne lui est d’aucun secours.
En janvier 2016, Jérémy, lassé de son indécision, part définitivement pour Beyrouth, mettant un terme à leur liaison. Désemparée, Juliet avoue tout à François, lui jurant que "tout est terminé". François pardonne. Juliet ment : elle pense toujours à Jérémy…
Six mois plus tard, un matin de juin 2016, Juliet est assise près du jardin du Luxembourg. Dans une heure, elle a rendez-vous avec celui qu’elle a enfin choisi.
Juliet est-elle enfin délivrée de son dilemme ? Pas si sûr…
Un roman riche et captivant
Sylvia Tabet, écrivain et peintre, signe avec La femme qui lisait des romans anglais (Éditions JC Lattès / Le Masque) son cinquième roman. Elle explore ici les romans d’apprentissage (Une bonne éducation, Éditions Dialogues, 2013) et les récits intimistes (Je n’ai pas vu tes yeux, Hachette, 2002 ; Les Patientes, La Découverte, 2010 ; L’Atelier rouge, Éditions Dialogues, 2010).
Il y a des livres qui font l’actualité, certains nous régalent, d’autres moins. Et puis, il y a ces livres plus discrets, qui n’en sont pas moins remarquables. La femme qui lisait des romans anglais appartient à cette catégorie.
Comme dans L’Atelier rouge, où l’auteur explore l’identification du héros-narrateur aux peintres Nicolas de Staël et Mark Rothko, Sylvia Tabet nous offre ici un petit bijou, une promenade littéraire à travers les grandes œuvres anglaises.
Un roman entre introspection et suspense
Cette fiction mêle roman d’apprentissage et récit intimiste, sans être une simple romance ou une intrigue amoureuse classique. L’auteur construit un suspense jusqu’à la révélation finale, qui demeure l’enjeu du récit.
Ce qui rend ce roman si captivant, c’est que Sylvia Tabet ne s’attarde pas sur les détails des relations entre Juliet, François et Jérémy. Ces personnages sont prétexte à une réflexion sociolittéraire, notamment sur la condition féminine, l’émancipation, le mariage, l’amour et le sentiment amoureux.
Un roman riche, sensuel et intelligent
Cette œuvre fictionnelle aborde des questions sociales profondes, tout en éveillant les sens. La femme qui lisait des romans anglais est aussi un roman sensuel, qui permet de s’évader du quotidien.
Sylvia Tabet maîtrise magistralement l’art de l’écriture. Son style, riche, soutenu, exigeant, sublime le récit et ses enjeux. Elle évite le piège du roman catalogue, où l’on se contenterait de citer des œuvres anglaises. Ici, tout est exploité au bénéfice du récit.
Lors d’une séance avec le docteur Barel, Juliet sort de son sac Les Yeux bleus de Thomas Hardy et lit ce passage qui, quelques jours plus tôt, lui a provoqué une crise d’angoisse aiguë dans le métro :
Un roman à découvrir absolument.
C’est un roman riche, cultivé, intelligent, mais aussi captivant et distrayant. Sylvia Tabet nous offre, une fois de plus, une œuvre remarquable.
Je remercie les Éditions JC Lattès / Le Masque et NetGalley de m’avoir permis de découvrir ce livre.
📖 Sylvia Tabet est également l’auteur de L’amour en partage : Plaidoyer pour une garde alternée (Hachette, 2004), un essai sur l’évolution des mœurs familiales en France à travers la question de la garde alternée.
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