jeudi 25 avril 2019

La Source S, Philippe Raxhon : un thriller ésotérique.

La Source S, Philippe Raxhon : un thriller ésotérique.


              


 

                                                                         

Une disparition mystérieuse

Le 14 novembre 2014, à 8 h 30, Éric D’Égide quitte le domicile d’Emily. Puis, il disparaît.

Que cache ce professeur de droit international belge, trentenaire à l’esprit aussi brillant qu’impulsif et imprévisible ? Seule certitude : son véhicule est retrouvé abandonné dans le parking de l’aéroport de Zaventem, alors qu’aucune caméra de surveillance ne l’a vu entrer.

Pour autant, la police est convaincue de son départ précipité et définitif. Pour les enquêteurs, D’Égide a tout abandonné : son travail, ses collègues, et surtout Emily.

Emily

Obsédée par les chiffres et les nombres, jusqu’à la monomanie, elle demeure dans l’incertitude pendant 614 jours. Deux années à ressasser la dernière journée d’Éric, à espérer… En vain.

Quelques lueurs d’espoir naissent pourtant, notamment grâce à un webmaster sulfureux, qui gère un site dédié aux personnes disparues.

Une enquête captivante

Alain Lallemand, journaliste au quotidien d’investigation belge Le Soir, s’intéresse à cette affaire. Secondé par l’inénarrable Fred, il se plonge dans cette disparition. Il a connu Éric par le passé, et sa détermination à élucider ce mystère devient encore plus vive lorsque…

➡ Éric est de retour.

Un roman puissant et maîtrisé

Un jour comme les autres, publié aux Éditions Hervé Chopin, est le quinzième roman de Paul Colize, auteur vivant à Waterloo.

Récompensé par de nombreux prix prestigieux (Prix Landerneau du Polar, Prix Polars Pourpres, Prix Arsène Lupin, Grand Prix de la littérature policière…), Colize est un écrivain aux multiples facettes, dont le travail d’enquête est remarquable.

📖 Quelques œuvres marquantes : ✔ Zanzara → Le journalisme, où apparaît déjà Alain Lallemand. ✔ Un parfum d’amertume → Un polar de détective. ✔ Un long moment de silence → Une enquête historique.

Un roman à la frontière des genres

Difficile d’assigner un genre précis à cet ouvrage : polar, enquête, récit de victime… Mais une chose est certaine : ce roman se situe à la périphérie de la littérature.

Les lettres de Massimo, personnage secondaire, en sont un parfait exemple :

"Ce matin, le lac était enveloppé de cette brume qui apeurait votre chien. Vos visites me manquent. Nos rencontres me comblaient d’un bien-être jusqu’alors ignoré. Je vous revois, vous agitant, passant du rire aux larmes, vous moquant avec attendrissement de mes silences, bousculant sans le savoir mes plus intimes convictions…" — Page 175

Une intrigue au service d’une dénonciation

Paul Colize construit une enquête parfaitement maîtrisée, où l’intrigue policière, soumise à la perspicacité du lecteur, n’est qu’un prétexte à une narration plus profonde.

L’auteur dénonce des scandales géopolitiques d’une éclatante actualité, mettant en lumière : ✔ Le rôle des lanceurs d’alerte ✔ Le travail rigoureux des journalistes d’investigation.

Colize ne cache rien de la réalité de ses personnages, notamment Alain Lallemand, journaliste au Soir et romancier.

Une écriture d’une rare précision

Avec une maîtrise exceptionnelle de la langue française, Paul Colize nous offre un roman précis et documenté, servi par une intrigue addictive.

L’originalité du récit réside dans sa construction journalistique, inspirée du modèle d’un opéra en quatre actes. Sur plus de 400 pages, l’auteur déroule une trame élaborée sous forme de courts chapitres, qui pourraient constituer un dossier de presse sous forme de puzzle.

Cet ouvrage n’est pas un documentaire, mais bien un roman, destiné à satisfaire le besoin de suspense du lecteur. Et Paul Colize y parvient magistralement.

Des personnages riches et nuancés

Les personnages, principaux ou secondaires, sont profondément travaillés : ✔ Attachants et cocasses → Fred, collègue de Lallemand, et Camille, sa compagne. ✔ Révoltants et inquiétants → Certains personnages liés à l’enquête.

L’auteur leur confère une finesse psychologique remarquable, parfois teintée d’un humour grinçant, qui allège la dramaturgie du récit tout en amplifiant leur personnalité.

Un roman à lire absolument

Je remercie très chaleureusement les Éditions Hervé Chopin de m’avoir permis de découvrir ce dernier récit de Paul Colize, et pour ces quelques heures de bonheur et de délectation à le lire.

📖 Chronique rédigée par Michel BLAISE © F.D.L (Fureur de Lire)


mardi 16 avril 2019

La femme qui lisait des romans anglais, S.Tabet

"Cherchez-le, sentez-le avec vos mains, ne réfléchissez pas… Soyez plus sage que votre tête."   (Matt Damon, La Légende de Bagger Vance)

Mariés depuis 25 ans, Juliet et François forment un couple comblé. Elle, 45 ans, professeur et sociologue à Paris, est passionnée par la littérature anglaise, celle qui raconte la vie d’héroïnes amoureuses, tourmentées, malmenées, violentées. Ces personnages l’instruisent et comblent les lacunes d’une "éducation sentimentale" marquée par la disparition précoce de sa mère. Lui, époux aimant, partage avec elle une vie stable et harmonieuse. Trois enfants, un parcours idéal… en apparence.

Depuis sa rencontre avec Jérémy, devenu son amant en mai 2015, Juliet vit un dilemme :
➡ Sauver son mariage et rester avec François ?
➡ Tout quitter pour Jérémy, photographe-reporter, célibataire et libre de toute attache familiale ?

Pendant huit mois d’amour clandestin, Juliet oscille entre raison et passion, cherchant des réponses dans les romans anglais qui ont bercé son enfance et dans le "petit cahier" laissé par sa mère, son seul héritage. Mais son psychiatre, le docteur Barel, ne lui est d’aucun secours.

En janvier 2016, Jérémy, lassé de son indécision, part définitivement pour Beyrouth, mettant un terme à leur liaison. Désemparée, Juliet avoue tout à François, lui jurant que "tout est terminé". François pardonne. Juliet ment : elle pense toujours à Jérémy…

Six mois plus tard, un matin de juin 2016, Juliet est assise près du jardin du Luxembourg. Dans une heure, elle a rendez-vous avec celui qu’elle a enfin choisi.

Juliet est-elle enfin délivrée de son dilemme ? Pas si sûr…

Un roman riche et captivant

Sylvia Tabet, écrivain et peintre, signe avec La femme qui lisait des romans anglais (Éditions JC Lattès / Le Masque) son cinquième roman. Elle explore ici les romans d’apprentissage (Une bonne éducation, Éditions Dialogues, 2013) et les récits intimistes (Je n’ai pas vu tes yeux, Hachette, 2002 ; Les Patientes, La Découverte, 2010 ; L’Atelier rouge, Éditions Dialogues, 2010).

Il y a des livres qui font l’actualité, certains nous régalent, d’autres moins. Et puis, il y a ces livres plus discrets, qui n’en sont pas moins remarquables. La femme qui lisait des romans anglais appartient à cette catégorie.

Comme dans L’Atelier rouge, où l’auteur explore l’identification du héros-narrateur aux peintres Nicolas de Staël et Mark Rothko, Sylvia Tabet nous offre ici un petit bijou, une promenade littéraire à travers les grandes œuvres anglaises.

Un roman entre introspection et suspense

Cette fiction mêle roman d’apprentissage et récit intimiste, sans être une simple romance ou une intrigue amoureuse classique. L’auteur construit un suspense jusqu’à la révélation finale, qui demeure l’enjeu du récit.

"Bientôt, il la prendra dans ses bras… Elle déposera une année d’errance passée à se demander à qui, de François ou de Jérémy, elle ne saurait finalement renoncer… Juliet se dit qu’elle se lèvera bientôt pour rejoindre l’homme qu’elle a enfin choisi…"
Prologue, dernier paragraphe

Ce qui rend ce roman si captivant, c’est que Sylvia Tabet ne s’attarde pas sur les détails des relations entre Juliet, François et Jérémy. Ces personnages sont prétexte à une réflexion sociolittéraire, notamment sur la condition féminine, l’émancipation, le mariage, l’amour et le sentiment amoureux.

Juliet, confrontée à ses propres contradictions, doit choisir entre :
➡ Son mariage, symbole de raison et de durée
➡ Son amant, incarnation de la passion et de l’intensité

Pour l’aider à trancher, Sylvia Tabet convoque les plus grands auteurs anglais :
📖 Virginia Woolf, Jane Austen, Thomas Hardy, Oscar Wilde, Charlotte Brontë…
Juliet s’identifie à leurs héroïnes, espérant y trouver la clé de sa propre décision.

Un roman riche, sensuel et intelligent

Cette œuvre fictionnelle aborde des questions sociales profondes, tout en éveillant les sens. La femme qui lisait des romans anglais est aussi un roman sensuel, qui permet de s’évader du quotidien.

Sylvia Tabet maîtrise magistralement l’art de l’écriture. Son style, riche, soutenu, exigeant, sublime le récit et ses enjeux. Elle évite le piège du roman catalogue, où l’on se contenterait de citer des œuvres anglaises. Ici, tout est exploité au bénéfice du récit.

Lors d’une séance avec le docteur Barel, Juliet sort de son sac Les Yeux bleus de Thomas Hardy et lit ce passage qui, quelques jours plus tôt, lui a provoqué une crise d’angoisse aiguë dans le métro :

"Jeanne baisse les yeux sur son livre et se met à lire avec lenteur. Son ton, atterré ; une sentence qu’elle s’adresse à elle-même : « Les mesures de la vie devraient être prises suivant l’intensité d’une expérience plutôt que sa durée. » Silence."
Chapitre 2

Un roman à découvrir absolument.

C’est un roman riche, cultivé, intelligent, mais aussi captivant et distrayant. Sylvia Tabet nous offre, une fois de plus, une œuvre remarquable.

Je remercie les Éditions JC Lattès / Le Masque et NetGalley de m’avoir permis de découvrir ce livre.

📖 Sylvia Tabet est également l’auteur de L’amour en partage : Plaidoyer pour une garde alternée (Hachette, 2004), un essai sur l’évolution des mœurs familiales en France à travers la question de la garde alternée.

Michel Blaise © F.D.L (Fureur de Lire)



lundi 1 avril 2019

"Septembre", Jean Mattern

 

               


Nous sommes au mois de septembre 1972, les jeux olympiques se tiennent en Allemagne de l’Ouest. Le narrateur, Sébastien – marié et jeune journaliste – est dépêché à Munich par les BBC pour effectuer un reportage d’avantage culturel que sportif. Il croise à cette occasion le regard sombre et ténébreux de Sam Cole, journaliste israélite, pour le compte d’un journal américain. 

"Je le vis, je rougis, je palis à sa vuese serait ainsi exprimée « Phèdre », dans son éblouissement passionnel.

Est-ce une rencontre qui offre à Sébastien l’opportunité de se révéler à lui-même, ou s’agit-il de l’affranchissement intime et frénétique du narrateur lié à une actualité tout aussi violente quand une organisation palestinienne prend en otage et assassine onze athlètes de la délégation israélienne ?

À cet instant, l’histoire chavire. L’horreur conduira-t-elle les protagonistes à connaitre également un "septembre noir" 2 ?

À l’automne de sa vie, Sébastien, réconcilié avec lui-même, restitue, sous la plume de Jean Mattern, ce récit /ce roman ?, empreint de sentiments – peut être encore confus, mais délicieusement nostalgiques.

Jean Mattern, né en 1965, vit à Paris. Marié, il travaille dans le monde de l'édition.

"septembre", publié aux éditions Gallimard en 2015, n'est pas son premier roman : "Simon Weber", "le bleu du lac", "de la perte et autres bonheurs", "de lait et de miel", "les bains de Kiraly"… sont autant de pépites de Mattern.

À noter que paraîtra, au mois d'août 2019, son nouveau roman : "une vue exceptionnelle". En attendant est programmé, du vendredi 3 mai au dimanche 5 mai 2019, "Jean Mattern & Conor O'Callighan" au festival livres et musiques à Deauville. L'Irlande sera mise à l'honneur à cette édition.

Dans "septembre", Jean Mattern fait le choix de distiller les faits et les situations, suscitant l'éternelle question : le roman est-il une œuvre d'imagination ou/et également de souvenirs mêlés, en même temps ? Je reste persuadé que "l'intrigue" est souvent l'aboutissement de la rencontre des deux.

Est-ce à dire que "septembre" est une œuvre autobiographique ? On serait tenté de le penser et on aurait aimé le croire. Non, évidemment.  En 1972, l'auteur est âge de 7 ans, il dira avoir été déjà très marqué par la violence des événements qu'il ne peut alors comprendre. Bien plus tard, la naissance du livre marquera son désir impérieux d'y revenir.

Tout de suite, il apparaît comme une évidence que Mattern s'est richement documenté pour écrire ce roman. ce qui constitue la toile de fond à une œuvre romanesque empreinte de douceur et de sensibilité, extrêmes dans la difficulté née de la complexité, de la confusion 3et de l'ambiguïté des sentiments quand l'amour et l'amitié se heurtent.

On retrouve dans "septembre" tous les thèmes récurrents à l'œuvre de Mattern : la disparition, la perte de l'être aimé par les circonstances de la vie qui nous échappent (cf. "Simon Weber"), le désir charnel, l'amour et sa complexité…

Sébastien et Sam Cole cheminent exactement et malgré eux dans un "jeu de liaisons dangereuses". L'auteur est brillamment parvenu à leur donner une personnalité abyssale, attachante parfois, mais insaisissable, souvent.

C'est donc un thème encore qui lui est familier qu'explore à nouveau jean Mattern, y ajoutant la nostalgie et le poids du passé. Mais le nouvel émerveillement dans la poursuite de la lecture de son œuvre vient d'une écriture cette fois-ci différente, plus efficace et empreinte d'une tension poussée à son paroxysme.

Ce récit, servi par une langue parfaitement maîtrisée, magistralement orchestré autour d'un fait historique, est un véritable chef-d'œuvre.

Michel BLAISE © 2019


1. Phèdre de Racine, Acte I, scène 3.
2. La prise d'otages des Jeux olympiques de Munich (aussi appelée le massacre de Munich) a eu lieu au cours des Jeux olympiques d'été de 1972 à Munich en Allemagne de l'Ouest. Le 5 septembre 1972, des membres de l'équipe olympique d'Israël ont été pris en otage et assassinés par des membres de l'organisation palestinienne septembre noir. Le bilan de la prise d'otages est de onze membres de l'équipe olympique israélienne assassinés et d'un policier ouest-allemand tué. Cinq des huit terroristes ont été tués, les trois autres capturés. (Source Wikipédia)
3. référence empruntée au récit de Stefan Zweig, "la confusion des sentiments"

jeudi 28 mars 2019

"On est bien peu de chose", Béatrice Rieussec.

                           

                     
          

Sur le mode de la « nouvelle », ce recueil présente 16 « histoires », mettant en scène un ou plusieurs personnages. Il s'agit toujours d'individus banals, de situations ordinaires, mais qui nous ouvrent une fenêtre sur un genre de « comédie humaine » moderne. On y découvre - à un moment ou un autre – un prétexte immédiat, parfois ancien, pour s'identifier à une situation, se souvenir d'une autre, ranimer un sentiment, une perception, une sensation, un bref instant de vie parfois, tout simplement.

« On est bien peu de chose », publié par les éditions de la Rémanence en 2018, est le premier ouvrage connu de Béatrice Repoux – Rieussec, avocate de profession à Lyon.

C'est avec une parfaite maîtrise de l'écriture, un sens du détail faussement simple et anodin que l'auteur parvient admirablement à réussir parfaitement son premier recueil. Sur la forme, une écriture empreinte constamment de musicalité, allitérations et assonances. L'auteur n'usurpe pas les compliments qui lui sont faits : c'est un écrivain digne de ce nom.


Des personnages imprégnés, sublimés, accablés. La première nouvelle « le bouquet » en est une parfaite illustration:lorsque cet employeur, d’un âge avancé, donne rendez-vous à sa jeune secrétaire :

"je me calme, elle s'appelle Clarisse, d'ailleurs la voilà, elle arrive au bout du pont, elle a détaché sa magnifique chevelure flamboyante qui se déploie dans la brise du soir et j'ai juste le temps de balancer mon bouquet (de fleurs) par-dessus le parapet"  (P. 11).

Les personnages – le lien entre ces nouvelles sont conscients de ne pas pouvoir conjurer le cours des choses et des événements.

Lorsque Geneviève (la déroute, nouvelle 2), divorcée, prend véritablement conscience que Bernard a quitté définitivement sa vie, son « voyage » en train chez le notaire pour quelques formalités, la plonge rapidement dans le pathétique de la solitude brusquement ravivée. On retrouve dans ce petit texte, ou finalement tout est dit, l'atmosphère dépeinte dans le nouveau sublime "la parure de Maupassant". (voir, ici)

c'est une vision lucide de la société, de la condition imposée, de l'immutabilité d'un caractère, de la pusillanimité, autant d'écueils qui rendent bien vaine la quête d'une vie meilleure. Une condamnation sans réserve du libre-arbitre.

Certes, de courtes nouvelles, parfois inégales, mais relayant le même propos en donnant ainsi à l'ensemble sa cohérence et sa puissance suggestive.

Toute proportion gardée – car il n'est pas faire injure à l'auteur de lui refuser toute comparaison avec Maupassant, E. BOVE, MALMUD…, mais il est difficile de ne pas songer à ces derniers auteurs en lisant les nouvelles de Béatrice RIEUSSEC.

Merci aux éditions de la Rémanence pour ces quelques heures de bonheur.

Michel BLAISE © F.D.L (fureur de lire)




mardi 26 mars 2019

"Un jour comme les autres", Paul COLIZE


     
                                       
       

Une disparition mystérieuse

Le 14 novembre 2014, à 8 h 30, Éric D’Égide quitte le domicile d’Emily. Puis, il disparaît.

Que cache ce professeur de droit international belge, trentenaire à l’esprit aussi brillant qu’impulsif et imprévisible ? Seule certitude : son véhicule est retrouvé abandonné dans le parking de l’aéroport de Zaventem, alors qu’aucune caméra de surveillance ne l’a vu entrer.

Pour autant, la police est convaincue de son départ précipité et définitif. Pour les enquêteurs, D’Égide a tout abandonné : son travail, ses collègues, et surtout Emily.

Emily

Obsédée par les chiffres et les nombres, jusqu’à la monomanie, elle demeure dans l’incertitude pendant 614 jours. Deux années à ressasser la dernière journée d’Éric, à espérer… En vain.

Quelques lueurs d’espoir naissent pourtant, notamment grâce à un webmaster sulfureux, qui gère un site dédié aux personnes disparues.

Une enquête captivante

Alain Lallemand, journaliste au quotidien d’investigation belge Le Soir, s’intéresse à cette affaire. Secondé par l’inénarrable Fred, il se plonge dans cette disparition. Il a connu Éric par le passé, et sa détermination à élucider ce mystère devient encore plus vive lorsque…

Éric est de retour.

Un roman puissant et maîtrisé

Un jour comme les autres, publié aux Éditions Hervé Chopin, est le quinzième roman de Paul Colize, auteur vivant à Waterloo.

Récompensé par de nombreux prix prestigieux (Prix Landerneau du Polar, Prix Polars Pourpres, Prix Arsène Lupin, Grand Prix de la littérature policière…), Paul Colize est un écrivain aux multiples facettes, dont le travail d’enquête est remarquable.

📖 Quelques œuvres marquantes : ✔ Zanzara → Le journalisme, où apparaît déjà Alain Lallemand. ✔ Un parfum d’amertume → Un polar de détective. ✔ Un long moment de silenceUne enquête historique.

Un roman à la frontière des genres

Difficile d’assigner un genre précis à cet ouvrage : polar, enquête, récit de victime… Mais une chose est certaine : ce roman se situe à la périphérie de la littérature.

Les lettres de Massimo, personnage secondaire, en sont un parfait exemple :

"Ce matin, le lac était enveloppé de cette brume qui apeurait votre chien. Vos visites me manquent. Nos rencontres me comblaient d’un bien-être jusqu’alors ignoré. Je vous revois, vous agitant, passant du rire aux larmes, vous moquant avec attendrissement de mes silences, bousculant sans le savoir mes plus intimes convictions…" Page 175

Une intrigue au service d’une dénonciation

Paul Colize construit une enquête parfaitement maîtrisée, où l’intrigue policière, soumise à la perspicacité du lecteur, n’est qu’un prétexte à une narration plus profonde.

L’auteur dénonce des scandales géopolitiques d’une éclatante actualité, mettant en lumière : ✔ Le rôle des lanceurs d’alerte ✔ Le travail rigoureux des journalistes d’investigation

Paul Colize ne cache rien de la réalité de ses personnages, notamment Alain Lallemand, journaliste au Soir et romancier.

Une écriture d’une rare précision

Avec une maîtrise exceptionnelle de la langue française, Paul Colize nous offre un roman précis et documenté, servi par une intrigue addictive.

L’originalité du récit réside dans sa construction journalistique, inspirée du modèle d’un opéra en quatre actes. Sur plus de 400 pages, l’auteur déroule une trame élaborée sous forme de courts chapitres, qui pourraient constituer un dossier de presse sous forme de puzzle.

Cet ouvrage n’est pas un documentaire, mais bien un roman, destiné à satisfaire le besoin de suspense du lecteur. Et Paul Colize y parvient magistralement.

Des personnages riches et nuancés

Les personnages, principaux ou secondaires, sont profondément travaillés : ✔ Attachants et cocasses → Fred, collègue de Lallemand, et Camille, sa compagne. ✔ Révoltants et inquiétants → Certains personnages liés à l’enquête.

L’auteur leur confère une finesse psychologique remarquable, parfois teintée d’un humour grinçant, qui allège la dramaturgie du récit tout en amplifiant leur personnalité.

Un roman à lire absolument

Je remercie très chaleureusement les Éditions Hervé Chopin de m’avoir permis de découvrir ce dernier récit de Paul Colize, et pour ces quelques heures de bonheur et de délectation à le lire.

📖 Chronique rédigée par Michel BLAISE © F.D.L (Fureur de Lire)