Affichage des articles dont le libellé est Littérature française contemporaine. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Littérature française contemporaine. Afficher tous les articles

mercredi 18 juin 2025

Ainsi résonne l'oubli, Grégoire GODINAUD

 


Couverture du roman "Ainsi résonne l’oubli" de Grégoire Godinaud, thriller psychologique

                     
« Et si elle avait le syndrome du survivant ? »

Elle se sent coupable d'avoir survécu alors que les autres sont morts…

📖

✓ Un roman qui déçoit malgré sa couverture attrayante

Il est des romans qui, malgré une couverture attrayante et une quatrième de couv' prometteuse, peinent à convaincre. Celui-ci en fait tristement partie. De mon point de vue, ce roman s'est révélé être un faux suspense, un faux polar, un faux tout court. Et cela va bien au-delà d'une simple déception.

La lecture laisse une impression de fouillis, d'un enchevêtrement d'éléments qui n'apportent ni profondeur ni consistance au récit. L'intrigue, que l'on attendait originale, s'avère convenue, attendue, inutilement complexifiée, et à vrai dire, d'une fadeur désolante.

✓ Une intrigue sans tension ni émotion

Ce n'est pas qu'elle soit difficile à suivre, non. C'est simplement qu'elle n'offre ni tension crédible, ni émotion réelle, ni rebondissements dignes de ce nom. Elle donne l'impression de vouloir faire compliqué pour masquer un fond creux.

Ensuite, et ce n'est pas un détail : je ne veux pas en dire trop, pour ne pas divulgâcher l'histoire, mais pour ceux qui s'y aventureront malgré tout, sachez que Grégoire Gaudinaud n'a pas hésité à contourner certains codes structurants du polar et du thriller. Cela aurait pu être audacieux, si c'était fait avec doigté. Ici, cela sonne creux, artificiel, comme un procédé qui tombe à plat. Le roman donne l'illusion du vertige psychologique, sans jamais l'atteindre.

✓ Une psychologie sous-exploitée et incohérente

L'une des grandes faiblesses de ce récit réside dans l'ambition psychologique qu'il revendique sans jamais s'en donner les moyens. On sent que le roman cherche à explorer des zones d'ombre mentales, à installer une tension liée aux souvenirs traumatiques, mais rien ne tient véritablement debout. La psychologie des personnages est esquissée, jamais creusée, souvent incohérente, et parfois même franchement douteuse du point de vue psychiatrique.

Un exemple révélateur : un personnage évoque la possibilité que l'héroïne souffre du syndrome du survivant, ce qui en soi est plausible. Ce syndrome – fréquemment associé aux états de stress post-traumatique – peut effectivement engendrer une culpabilité profonde chez ceux qui ont survécu à un drame ayant coûté la vie à d'autres. Jusqu'ici, rien à redire.

Mais lorsque le personnage affirme, dans la continuité, que « ses sentiments de honte et de culpabilité seront peut-être exacerbés, au point de la pousser à commettre des actes horribles en lien avec les réminiscences de son passé, comme déterrer des cadavres et ne pas s'en souvenir », on entre dans une zone scientifiquement douteuse.

🖐️ Les troubles de la mémoire (notamment les amnésies dissociatives) peuvent certes survenir dans des contextes post-traumatiques sévères. Mais la bascule vers des comportements violents, morbides ou délirants de ce type, sans antécédents psychiatriques majeurs ou dissociation structurelle profonde, n'est pas cohérente avec les données actuelles de la psychiatrie.

En d'autres termes, l'auteur tire un fil psychologique jusqu'à la rupture, sans base sérieuse. Cela contribue au sentiment d'invraisemblance générale. La fiction réaliste n'exige pas une vérité absolue, mais elle ne peut se permettre de tordre la vraisemblance clinique à ce point, sans sombrer dans le ridicule involontaire.

Ce qui pose donc un problème ici, ce n'est pas tant que l'histoire sorte des sentiers battus – c'est même souhaitable – mais qu'elle le fasse sans rigueur ni cohérence, en s'appuyant sur des ressorts narratifs incohérents et des personnages qui semblent souvent agir selon la seule commodité du scénario.

📌 Il faut aussi dire un mot sur le style : d'une platitude déconcertante, sans souffle, sans singularité. Aucune image marquante, aucun rythme digne d'un thriller. Les dialogues sont fréquemment creux, les descriptions mécaniques, et l'ensemble donne une impression d'écriture au kilomètre.

Je ne peux donc pas recommander ce roman. Il m'a franchement déplu. Non seulement parce qu'il est insipide et convenu, mais puisqu'il tente de maquiller cette fadeur par une complexité artificielle. Une recette qui ne prend pas.


📖 Chronique rédigée par Michel Blaise – © lecteur impertinent
Roman de Grégoire Gaudinaud – Éditions Gros Caillou – 2025

 « Et si elle avait le syndrome du survivant ? »

Elle se sent coupable d'avoir survécu alors que les autres sont morts…

📖

✓ Un roman qui déçoit malgré sa couverture attrayante

Il est des romans qui, malgré une couverture attrayante et une quatrième de couv' prometteuse, peinent à convaincre. Celui-ci en fait tristement partie. De mon point de vue, ce roman s'est révélé être un faux suspense, un faux polar, un faux tout court. Et cela va bien au-delà d'une simple déception.
La lecture laisse une impression de fouillis, d'un enchevêtrement d'éléments qui n'apportent ni profondeur ni consistance au récit. L'intrigue, que l'on attendait originale, s'avère convenue, attendue, inutilement complexifiée, et à vrai dire, d'une fadeur désolante.

✓ Une intrigue sans tension ni émotion

Ce n'est pas qu'elle soit difficile à suivre, non. C'est simplement qu'elle n'offre ni tension crédible, ni émotion réelle, ni rebondissements dignes de ce nom. Elle donne l'impression de vouloir faire compliqué pour masquer un fond creux.
Ensuite, et ce n'est pas un détail : je ne veux pas en dire trop, pour ne pas divulgâcher l'histoire, mais pour ceux qui s'y aventureront malgré tout, sachez que Grégoire Gaudinaud n'a pas hésité à contourner certains codes structurants du polar et du thriller. Cela aurait pu être audacieux, si c'était fait avec doigté. Ici, cela sonne creux, artificiel, comme un procédé qui tombe à plat. Le roman donne l'illusion du vertige psychologique, sans jamais l'atteindre.

✓ Une psychologie sous-exploitée et incohérente

L'une des grandes faiblesses de ce récit réside dans l'ambition psychologique qu'il revendique sans jamais s'en donner les moyens. On sent que le roman cherche à explorer des zones d'ombre mentales, à installer une tension liée aux souvenirs traumatiques, mais rien ne tient véritablement debout. La psychologie des personnages est esquissée, jamais creusée, souvent incohérente, et parfois même franchement douteuse du point de vue psychiatrique.

Un exemple révélateur : un personnage évoque la possibilité que l'héroïne souffre du syndrome du survivant, ce qui en soi est plausible. Ce syndrome – fréquemment associé aux états de stress post-traumatique – peut effectivement engendrer une culpabilité profonde chez ceux qui ont survécu à un drame ayant coûté la vie à d'autres. Jusqu'ici, rien à redire.

Mais lorsque le personnage affirme, dans la continuité, que « ses sentiments de honte et de culpabilité seront peut-être exacerbés, au point de la pousser à commettre des actes horribles en lien avec les réminiscences de son passé, comme déterrer des cadavres et ne pas s'en souvenir », on entre dans une zone scientifiquement douteuse.

🖐️ Les troubles de la mémoire (notamment les amnésies dissociatives) peuvent certes survenir dans des contextes post-traumatiques sévères. Mais la bascule vers des comportements violents, morbides ou délirants de ce type, sans antécédents psychiatriques majeurs ou dissociation structurelle profonde, n'est pas cohérente avec les données actuelles de la psychiatrie.

En d'autres termes, l'auteur tire un fil psychologique jusqu'à la rupture, sans base sérieuse. Cela contribue au sentiment d'invraisemblance générale. La fiction réaliste n'exige pas une vérité absolue, mais elle ne peut se permettre de tordre la vraisemblance clinique à ce point, sans sombrer dans le ridicule involontaire.

Ce qui pose donc un problème ici, ce n'est pas tant que l'histoire sorte des sentiers battus – c'est même souhaitable – mais qu'elle le fasse sans rigueur ni cohérence, en s'appuyant sur des ressorts narratifs incohérents et des personnages qui semblent souvent agir selon la seule commodité du scénario.

📌 Il faut aussi dire un mot sur le style : d'une platitude déconcertante, sans souffle, sans singularité. Aucune image marquante, aucun rythme digne d'un thriller. Les dialogues sont fréquemment creux, les descriptions mécaniques, et l'ensemble donne une impression d'écriture au kilomètre.

Je ne peux donc pas recommander ce roman. Il m'a franchement déplu. Non seulement parce qu'il est insipide et convenu, mais puisqu'il tente de maquiller cette fadeur par une complexité artificielle. Une recette qui ne prend pas.


📖 Chronique rédigée par Michel Blaise – © lecteur impertinent
Roman de Grégoire Gaudinaud – Éditions Gros Caillou – 2025

 « Et si elle avait le syndrome du survivant ? »

Elle se sent coupable d'avoir survécu alors que les autres sont morts…

📖

✓ Un roman qui déçoit malgré sa couverture attrayante

Il est des romans qui, malgré une couverture attrayante et une quatrième de couv' prometteuse, peinent à convaincre. Celui-ci en fait tristement partie. De mon point de vue, ce roman s'est révélé être un faux suspense, un faux polar, un faux tout court. Et cela va bien au-delà d'une simple déception.
La lecture laisse une impression de fouillis, d'un enchevêtrement d'éléments qui n'apportent ni profondeur ni consistance au récit. L'intrigue, que l'on attendait originale, s'avère convenue, attendue, inutilement complexifiée, et à vrai dire, d'une fadeur désolante.

✓ Une intrigue sans tension ni émotion

Ce n'est pas qu'elle soit difficile à suivre, non. C'est simplement qu'elle n'offre ni tension crédible, ni émotion réelle, ni rebondissements dignes de ce nom. Elle donne l'impression de vouloir faire compliqué pour masquer un fond creux.
Ensuite, et ce n'est pas un détail : je ne veux pas en dire trop, pour ne pas divulgâcher l'histoire, mais pour ceux qui s'y aventureront malgré tout, sachez que Grégoire Gaudinaud n'a pas hésité à contourner certains codes structurants du polar et du thriller. Cela aurait pu être audacieux, si c'était fait avec doigté. Ici, cela sonne creux, artificiel, comme un procédé qui tombe à plat. Le roman donne l'illusion du vertige psychologique, sans jamais l'atteindre.

✓ Une psychologie sous-exploitée et incohérente

L'une des grandes faiblesses de ce récit réside dans l'ambition psychologique qu'il revendique sans jamais s'en donner les moyens. On sent que le roman cherche à explorer des zones d'ombre mentales, à installer une tension liée aux souvenirs traumatiques, mais rien ne tient véritablement debout. La psychologie des personnages est esquissée, jamais creusée, souvent incohérente, et parfois même franchement douteuse du point de vue psychiatrique.

Un exemple révélateur : un personnage évoque la possibilité que l'héroïne souffre du syndrome du survivant, ce qui en soi est plausible. Ce syndrome – fréquemment associé aux états de stress post-traumatique – peut effectivement engendrer une culpabilité profonde chez ceux qui ont survécu à un drame ayant coûté la vie à d'autres. Jusqu'ici, rien à redire.

Mais lorsque le personnage affirme, dans la continuité, que « ses sentiments de honte et de culpabilité seront peut-être exacerbés, au point de la pousser à commettre des actes horribles en lien avec les réminiscences de son passé, comme déterrer des cadavres et ne pas s'en souvenir », on entre dans une zone scientifiquement douteuse.

🖐️ Les troubles de la mémoire (notamment les amnésies dissociatives) peuvent certes survenir dans des contextes post-traumatiques sévères. Mais la bascule vers des comportements violents, morbides ou délirants de ce type, sans antécédents psychiatriques majeurs ou dissociation structurelle profonde, n'est pas cohérente avec les données actuelles de la psychiatrie.

En d'autres termes, l'auteur tire un fil psychologique jusqu'à la rupture, sans base sérieuse. Cela contribue au sentiment d'invraisemblance générale. La fiction réaliste n'exige pas une vérité absolue, mais elle ne peut se permettre de tordre la vraisemblance clinique à ce point, sans sombrer dans le ridicule involontaire.

Ce qui pose donc un problème ici, ce n'est pas tant que l'histoire sorte des sentiers battus – c'est même souhaitable – mais qu'elle le fasse sans rigueur ni cohérence, en s'appuyant sur des ressorts narratifs incohérents et des personnages qui semblent souvent agir selon la seule commodité du scénario.

📌 Il faut aussi dire un mot sur le style : d'une platitude déconcertante, sans souffle, sans singularité. Aucune image marquante, aucun rythme digne d'un thriller. Les dialogues sont fréquemment creux, les descriptions mécaniques, et l'ensemble donne une impression d'écriture au kilomètre.

Je ne peux donc pas recommander ce roman. Il m'a franchement déplu. Non seulement parce qu'il est insipide et convenu, mais puisqu'il tente de maquiller cette fadeur par une complexité artificielle. Une recette qui ne prend pas.


📖 Chronique rédigée par Michel Blaise – © lecteur impertinent
Roman de Grégoire GaudinaudÉditions du Gros Caillou – 2025


mercredi 4 juin 2025

L'amant Russe, Gilles Leroy





Couverture de l'Amant russe de Gilles Leroy, édition originale 2002, MERCURE DE FRANCE (fond bleu uni)

 


"Combat le diable avec cette chose que l'on appelle l'amour"(Bob Marley)

📌 L'amant russe L'amour comme acte de résistance ?


√ Une rencontre clandestine sous le vernis soviétique

Publié en 2002 chez Mercure de France, "L'Amant russe" de Gilles Leroy est un récit que je n'ai pas refermé sans un certain trouble. Pas un grand choc, pas une émotion débordante, mais cette sensation rare d'avoir traversé une histoire à la fois simple et dense, qui continue d'habiter longtemps après la dernière page.

Un jeune Français, seize ans, part en URSS dans le cadre d'un voyage militant, dans cette Leningrad de l'époque soviétique où les façades sont monumentales, mais les regards souvent fuyants.

Ce qui devait être une immersion politique devient rapidement autre chose : une traversée de soi, une première secousse du désir, un ébranlement discret, mais décisif.

√ Volodia, l'homme-fantôme : silence, désir et retenue

Là-bas, il rencontre Volodia. Un Russe plus âgé (27 ans), technicien ou ingénieur, c'est difficile à cerner, silencieux, presque fuyant. il incarne ce que le narrateur découvre à peine : la peur, la retenue, le poids d'un régime qui ne pardonne ni l'écart ni la vérité.

📌 Ce roman aurait pu s'écrire autrement. Il aurait pu tomber dans la facilité du récit d'initiation sensuel ou des clichés sur l'homosexualité interdite en pays totalitaire. Il ne le fait jamais.

Et c'est là que réside toute sa force. Gilles Leroy choisit la pudeur. Il choisit les silences, les gestes interrompus, les pensées retenues. L'amour n'y est jamais crié, encore moins revendiqué. Il se devine, il se sent parfois, il se tait. Il y a dans ce texte une manière très fine d'aborder le corps et le désir sans jamais en dire trop. Les mots employés sont toujours du côté de l'évocation, jamais de la crudité.

√ Une prose fine et musicale : l'art du demi-ton

Ce qui m'a particulièrement retenu, c'est cette langue — très travaillée, mais sans effet de manche. Une prose tendue, presque poétique, où chaque phrase semble porter un poids affectif, une tension invisible.

C'est un chant discret, une musique en sourdine. Une lecture exigeante, sans doute. Il faut de temps en temps relire certains passages pour en capter la finesse. Mais ce n'est jamais une lourdeur. C'est un rythme à accepter, à suivre.

📌 Un roman à apprivoiser, comme Volodia lui-même : il ne se livre pas d'un coup. Il faut attendre, rester, regarder.

Les personnages secondaires sont là, mais toujours en marge. Tatiana, Irina, François… Ils dessinent le décor, soulignent les lignes de tension, mais c'est entre le narrateur et Volodia que se joue l'essentiel. Une relation étrange, hésitante, jamais clarifiée. Ont-ils été amants ? Peut-être. Mais ce n'est pas la question. Ce qui compte, c'est ce qui circule entre eux : cette attente, cette retenue, ce presque.

√ L'amour comme fragment politique

Volodia, c'est l'homme qui se fait attendre, qui se dérobe, probablement par peur, sûrement par fidélité à un silence qu'on lui a appris dès l'enfance. Il n'est pas là pour combler un désir : il en révèle l'absence, le manque, la fragilité. Et c'est en cela qu'il reste inoubliable. Pas pour ce qu'il fait. Pour ce qu'il ne peut pas faire.

Il y a aussi dans ce roman quelque chose de plus vaste : un regard politique, mais discret, sur l'URSS. La remarque sur le livre de Sartre interdit, la surveillance omniprésente, les gestes étouffés… Tout cela est suggéré, jamais démontré. L'amour y devient quasiment un acte de résistance, une manière d'exister envers et contre tout.

Ce n'est pas un pamphlet, ni une dénonciation. C'est plus subtil : c'est le portrait d'un monde dans lequel l'intime est menacé, où l'on apprend très jeune à cacher ce que l'on est. Et dans ce cadre, l'histoire racontée prend une ampleur singulière. On comprend peu à peu que l'interdit ne vient pas seulement du régime : il vient aussi de la honte, de l'habitude du silence, de l'impossibilité d'habiter son propre corps.

√ Une fin suspendue, comme un dernier regard

La fin, d'ailleurs, est à l'image du reste. Rien n'est tranché. le narrateur quitte la Russie, Volodia reste. Il y a un train, un quai, un moment suspendu. On ne sait pas ce qui les attend, ni ce qu'ils se sont réellement dit. Mais il reste quelque chose de cet été-là. Une fracture douce, une mémoire physique. Et peut-être une forme d'amour — mais sans nom, sans statut, sans avenir assigné.

📌 Je recommande vivement ce livre splendide, à mon sens bien supérieur à Alabama Song — du même auteur — pourtant couronné par le prix Goncourt en 2007.

📖 Chronique rédigée par Michel Blaise – © lecteur impertinent



mardi 15 avril 2025

Nébuleuse des écorchés, Grégoire Domenenach


                            #LittératureFrançaise (Grégoire Domenach)


Dans le paysage littéraire contemporain, où les étoiles semblent parfois lointaines, "Nébuleuse des écorchés" de Grégoire Domenach brille d’un éclat singulier. Publié par les Éditions L’Harmattan en 2013, ce roman est un bijou méconnu, une pépite qui mérite une place de choix dans la bibliothèque de tout amateur de littérature profonde et réfléchie.

 

L’histoire nous entraîne dans les méandres de l’existence de Mermoz et Baryton, deux êtres écorchés par la vie, dont les chemins se croisent sur les rives d’une rivière polluée. C’est dans ce décor que Domenech tisse une toile de relations humaines, explorant avec finesse les thèmes de l’amitié, de la solitude et de la résilience. Le style de l’auteur est remarquable, alliant une prose poétique à une acuité psychologique qui donne vie à ses personnages avec une intensité rare.

 

Grégoire Domenech, encore trop peu connu du grand public, est un véritable artisan des mots, dont le talent n’a rien à envier aux grandes figures de la littérature. Son œuvre, "Nébuleuse des écorchés", est un appel à la lecture, un cri du cœur qui résonne longtemps après avoir tourné la dernière page. C’est un livre à lire, à partager, à discuter : un ouvrage qui interpelle et qui, sans aucun doute, marque profondément son lecteur.

 

En somme, "Nébuleuse des écorchés" est une œuvre exceptionnelle, qui se distingue tant par la qualité de son écriture que par la profondeur de son propos. Elle nous invite à regarder au-delà du caniveau de notre quotidien, à chercher les étoiles qui illuminent l’obscurité de nos vies. Il est grand temps que ce roman trouve le chemin d’une reconnaissance plus large, car il incarne ce que la littérature a de meilleur à offrir.

          Michel BLAISE ©  F.D.L (fureur de lire)

lundi 15 janvier 2024

Entre la source et l'estuaire, Grégoire Doménach

 



                                                 Littérature française


"Le désespoir, comme l'absurde, juge et désire tout, en général et rien, en particulier." (A. Camus)



"Entre la source et l'estuaire", (Le Dilettante, 2021 ; pour l'édition de poche, 2023) est un roman de Grégoire Domenach.


Le narrateur-personnage convoie, avec son père, des pays-Bas vers le centre de la France, un bateau avec l'espoir de trouver un acquéreur. C'est leur métier.


Au terme de quelques semaines de navigation – les pays-Bas, la Belgique, les Ardennes, le Rhin – ils jettent l'ancre dans une petite commune, un village du Doubs.


À l'unique estaminet local, le narrateur croise un balafré taiseux, aigri et solitaire, qui semble porter un passé bien trop lourd.


Troublé et curieux, le narrateur intrigue pour percer à jour le mystère de cet homme, dans le sillage de la succession de sous-entendus et "messes basses" qui le suivent comme une ombre.

dimanche 4 septembre 2022

Cher connard, Virginie DESPENTES

 



                                         Littérature française




« Cher Connard » (Virginie Despentes), Grasset, 2022, est à l'auteur ce que le titre est à la langue française : vulgarité, muflerie et imposture.


Pour apprécier, à sa juste précision, l'écrit d'un auteur dit engagé, faut-il encore connaître la réalité de cet engagement. Pas seulement une réalité entourée de bienséance ou, à l'opposé, de prétendues dissidences et contestations, mais la réalité toute nue.


La réaction de Virginie Despentes - le lendemain des attentats du 7 janvier 2015, ayant décimé la rédaction de Charlie-Hebdo et des assassinats de quatre juifs dans une supérette casher - fut de prononcer les propos islamo-gauchistes selon lesquels : [elle] « aime tout le monde sans distinction, même ceux qui n'étaient pas Charlie ». Depuis, elle milite en faveur d'Adama Traoré et ne dissimule plus ses opinions racialistes.


Les ouvrages et prises de positions de l'auteur au moyen de ceux-ci - le dernier n'y échappent pas – sont des impostures.


La première imposture, celle d'une factieuse de carnaval, qui signe toutes les cases de l'élitisme : ancienne jurée du prix Femina, du prix Goncourt, lauréat du prix Renaudot, auteur représentée par le plus puissant agent du milieu artistique, romancière adaptée par Canal +, réalisatrice de films pitoyables nonobstant soutenus par la commission d'avance sur recettes du CNC dont elle devint membre en suivant et autre sinécure.


La factieuse est en réalité un nabab qui mange sa soupe à toutes les bonnes tables.


La deuxième imposture est l'arnaque intellectuelle de l'islamo-gauchisme dont l'une des obsessions idéologiques et ses propos que lui inspirèrent les frères Kouachi après l'attentat contre la rédaction de Charlie, comme déjà indiqué (les propos précités n'en sont pas moins"éloquents") :


« Et j'ai été aussi les gars qui entrent avec leurs armes. Ceux qui venaient de s'acheter une kalachnikov au marché noir et avaient décidé, à leur façon, la seule qui leur soit accessible, de mourir debout plutôt que vivre à genoux. J'ai aimé aussi ceux-là qui ont fait lever leurs victimes en leur demandant de décliner leur identité avant de viser au visage. (…) Je les ai aimés dans leur maladresse – quand je les ai vus armes à la main semer la terreur en hurlant "on a vengé le Prophète" et ne pas trouver le ton juste pour le dire. »


Dans le coup de cœur des librairesGérard Collard exprime avec justesse sa pensée (cf. la vidéo à la rubrique de l'auteur) :

jeudi 26 mai 2022

L'Embuscade, Émilie Guillaumin

 

                            Littérature Française, Thriller,  Djihadisme


« La guerre n'a pas un visage de femme » (1)


C'est un matin du mois d'août comme les autres pour Clémence. Il est très tôt. Les enfants dorment encore, l'atmosphère est déjà moite lorsqu'une délégation militaire se présente au domicile. Cédric Delmas - son conjoint, membre des forces spéciales du 13e RDP de Bordeaux (2) -, a disparu en mission, dans une embuscade, avec cinq compagnons d'armes, quelque part au Moyen-Orient.


La douleur et la sidération de Clémence s'amplifient très vite à la faveur de pensées circulaires et torturantes - Cédric est-il réellement mort ? - lorsque l'armée apprend à l'épouse que les résultats d'analyses ADN, effectuées sur le corps méconnaissable rapatrié, ne coïncident pas avec l'identité de Cédric.

mardi 14 septembre 2021

Le fils du pêcheur, Sacha Sperling

 

    

                                     Littérature française- homosexualité


« La fiction, c'est la part de vérité qu'il existe en chaque mensonge. » (Stephen King)


« le fils du pêcheur » (Robert Laffont, 2021) est la troisième autofiction de Sacha Sperling depuis la parution, en 2009, de « Mes illusions donnent sur la cour », alors que l'auteur avait seulement dix-neuf ans, récit encensé par la critique. Frédéric Beigbeder écrivait lors de sa parution « c'est le « Bonjour tristesse » de la rentrée. »»


Il s'agit aujourd'hui de la narration croisée, passée et actuelle, de l'histoire de deux amours toxiques et dévastatrices - la drogue, l'alcool, la maladie, la dépression, la mort, les questions matérielles et financières perverties - à Paris entre Mona et Sacha, trentenaires, d'une part, et ce dernier - lorsqu'il quitte son amie et la capitale pour rejoindre sa Normandie natale - et Léo, vingt-ans, d'autre part, son deuxième amour.


« J'ai été amoureux deux fois », écrit l'auteur.


Un roman est rarement le fruit de la seule imagination ; il convoque toujours la mémoire. La composition de la recette est ensuite affaire de raffinement entre ces deux ingrédients. Mais que penser et que croire du roman mêlant la fiction et la réalité autobiographique, a fortiori d'un auteur âgé de dix-neuf ans ? « L'impudeur ET la délivrance de l'autofiction » écrivait, en 1999, un critique littéraire au Monde.


Sacha Sperling, enfant de réalisateurs de cinéma, est doué pour inventer des histoires - qui au fil des autofictions se répètent à l'envi à travers le héros de son récit - lui-même - un « gamin » geignard, paresseux, flegmatique et apathique.


Le récit est incontestablement très bien écrit. Comment exiger davantage aujourd'hui au cœur d'une nouvelle littérature très médiocre ?


L'intrigue, dont on peut déplorer la lenteur durant la première moitié du livre, laisse quelquefois perplexe. À cet égard, on aimerait connaitre le sens des propos de l'auteur au début du récit, repris sur la quatrième de couverture : « j'ai détruit le mec que j'aimais ».


Ce n'est pas l'impression que nous laisse le roman à la fin de la lecture. Pourtant, cette question n'est pas un point de détail. Elle serait presque essentielle à la cohérence du récit si l'on considère que dans la liaison amoureuse entre Sacha et Mona existaient en germe les problèmes que l'on rencontre – renforcés - dans celle entre Léo et Sacha.


Et c'est pourquoi le dénouement de l'histoire entre ces derniers laisse perplexe quant à la portée « auto-fictionnelle ».


Une fin bâclée ou une impasse ? Une impasse, surement, dans laquelle, d'ailleurs, Sacha - bébé et trentenaire geignard – s'est toujours enfermé. Et le piège de l'auto-fiction semble rattraper Sacha Sperling. Où se situe la frontière entre la réalité et la fiction, le mythe du double littéraire ?


Sacha écrit : « j'ai été amoureux deux fois… Je les ai aimés pareil. Je veux dire aussi fort… ». Rien n'est moins sûr, car Sacha ne parait pas connaitre le sens du mot « Amour ». Quand il exige de sa thérapeute qu'elle lui donne des mots sur ses maux :


« je veux des mots ». De guerre lasse, le spécialiste est sans appel : « instabilité émotionnelle. Faille égotique… Troubles narcissiques… peur systématique d'abandon… Angoisses paranoïdes, renforcées par la prise constante de stupéfiants. Tendance à la dépression… »


Alors qui a détruit l'autre ? Et si Sacha, tout simplement, ne s'était borné qu'à révéler ses troubles psychiatriques, réels ou fictionnels ?


Dans quelle mesure cette relation n'a pas été que la seule conséquence de l'unique schéma affectif et amoureux invariablement connu et idéalisé de Sacha, depuis toujours ? Sacha n'est-il pas le seul artisan de sa propre infortune ? N'a-t-il pas reproduit ses errements, ses turpitudes et inconduites pour, en définitive, se détruire lui-même avant de rejeter la responsabilité sur les autres, sa mère, son père, Mona, Léo… ?


La réalité ne dépasse-t-elle pas la fiction ?


Quoi qu'il en soit, « le fils du pêcheur » - à la suite des précédentes auto-fictions de l'auteur - est un très bon récit, remarquablement bien écrit, que je recommande vivement.


Bonne lecture.


Michel BLAISE © 2021

mercredi 4 août 2021

Mes Trente Glorieuses, Anne Gallois



                                        



                                                      Littérature française


Davantage d'informations sur BABELIO :  ici

« Il faut en finir avec la gauche passéiste, celle qui s'attache à un passé révolu et nostalgique, hantée par le surmoi marxiste et par le souvenir des Trente Glorieuses ». (Manuel Valls)


À la faveur de souvenirs « intimes » — de la petite enfance à sa jeunesse — la narratrice, Margot Bourdillon, montre  — depuis deux perspectives, des faits divers, avec pour appui certaines « Une » de Paris-Match, ainsi que « ses » chroniques - une famille catholique traditionnelle en France depuis la fin de la seconde guerre au premier choc pétrolier de 1975.


C'est ainsi qu'est publié en 2019, puis réédité en 2021 (Éditions De BORÉE), l'ouvrage d'Anne Gallois, « Mes Trente Glorieuses ».


Excessivement de procédés sont déplaisants et regrettables dans cette entreprise trompeusement singulière. Il ne fait aucun doute, dans ce récit de vie et d'une époque - sous la réserve de l'immuable confusion du souvenir et de l'imagination - à l'instar du roman d'ailleurs - que les identités de la narratrice et l'auteur se confondent.


Par ailleurs, comment doit-on appréhender la première de couverture de cet ouvrage : « Anne GalloisMes Trente Glorieuses Prix de L'Académie Française. Anna de Noailles » ? Je sais ce qu'est L’Académie Française, je sais qui est Anna de Noailles (1876-1933), mais je n'ai jamais entendu un mot à propos d'Anne Gallois.


Allons au fond…


Voilà donc que plus de cinquante ans que l'hexagone vivait, par un temps sans doute plus doux que le nôtre, au « temps béni des colonies », des guerres d'Indochine et d'Algérie, de la crise de Mai 68 – au son de « CRS SS », de pédophiles assumés et toute autre joyeuseté. Liberté chérie…


Mais c'est aussi le temps, où dans les campagnes, les premières salles de bains, les machines à laver, les téléviseurs, la pilule affleurent. Il s'agit, plus généralement, d'un virage moderne et inattendu, d'une société qui se dessine, que Margot Bourdillon révèle avec pour trame l'actualité – Paris Match – afin d'éviter l'écueil insignifiant limité à la seule cellule familiale, la sienne.


Et c'est enfin le temps d'une génération qui laisse à la suivante son lot de problèmes, comme la présente le fait à l'intention des futures…


Margot Bourdillon, petite fille issue d'un milieu privilégié manifeste très tôt une conscience, sous une apparence généreuse, en réalité tourmentée, jalouse, arrogante et faussement modeste. La finesse de la restitution de l'époque n'est pas également la vertu du livre en raison de son manichéisme d'un point de vue de l'analyse politico-sociale. Les Trente Glorieuses n'étaient pas qu'un temps béni…


Pour terminer, en un mot, comme en cent, je me suis mortellement ennuyé à la lecture de ce livre.


Michel BLAISE ©2021

mercredi 21 juillet 2021

De mon plein gré, Mathilde Forget.


                                

                                            Littérature française


Plus d'infos, sur Babélio ICI


Découvert au hasard à la médiathèque de Toulouse, arborant sur la première de couverture, en rouge, « coup de cœur », le roman de Mathilde Forget « de mon plein gré » (Ed. Grasset) n'est pas convaincant.


L'auteur s'est efforcée d'aborder un thème, mille fois traité en littérature aujourd'hui - le viol suivi des sentiments de culpabilité et de fragilité de la femme outragée.


L'héroïne, agent de sécurité, est lesbienne assumée, un tantinet féministe à la limite de la détestation des hommes - Mathilde Forget n'est pas avare d'images et de messages subliminaux éculés.

Pour autant, au petit matin, après une soirée arrosée, elle abandonne une amie - qui désapprouve son attitude - et embarque un homme à son domicile dont les intentions n'étaient pas équivoques.


Et puis le viol…


Le sujet du viol méritait mieux que ce roman sans épaisseur, aussi bien du point de vue des personnages, quasiment inexistants, que du récit lui-même - totalement désordonné, empreint d'aphorismes, de reproductions de textes, de spéculations et de répétitions creuses et insipides.


L'insistance permanente entre l'homosexualité féminine et le viol des femmes est très réductrice et sectaire.


Un roman très approximatif, voire raté.


Michel BLAISE, 2021©

dimanche 20 juin 2021

Moi et François MITTERRAND, Hervé Le TELLIER


                           Humour - Politique - Pamphlet

Plus d'infos, sur Babelio, : ICI


« Il y a ceux qui ont besoin d'écrire, ceux qui ont besoin de rêver, ceux qui ont besoin de parler… ; mais les romans ne sont pas sérieux, c'est la mythomanie qui l'est » (André Malraux).

Ce court récit, illustré par des documents visuels, « Moi et François Mitterrand » (Hervé le Tellier Jean-Claude Lattès, 2016), dont l'auteur est lui-même le narrateur, relate la « vraie fausse » correspondance d'un mythomane avec le président Mitterrand et ses successeurs jusqu'à François Hollande.

« Je ne vais pas en faire une affaire d'État…, mais à partir de 1983 François Mitterrand et moi avons entretenu une correspondance assidue… »

« Cher François Mitterrand, je voulais vous féliciter – fût-ce avec un léger retard – de votre élection voici deux ans déjà. Je suis à Arcachon où je passe de bonnes vacances, nous parlions justement de vous. Nous avons mangé des huitres, excellentes, bien qu'un peu laiteuses. Encore bravo. Hervé le Tellier. »

Quelques semaines plus tard, Hervé le Tellier reçoit une réponse-type, mais qu'il interprète comme très personnelle au point qu'il identifiera toute la correspondance qui va suivre, mais qu'il alimente seul puisqu'il ne recevra toujours que la même lettre impersonnelle, à l'amitié que se portaient Montaigne et La Boétie, comme le révèle la citation en épigraphe du texte : « Parce que c'était lui, parce que c'était moi ».

« Présidence de la République, Paris le 12 décembre 1983,

Cher Monsieur, votre lettre en date du 10 septembre 1983 vient de me parvenir et je vous en remercie. Ne doutez pas, cher Monsieur, que vos remarques recevront toutes l'attention qu'elles méritent et qu'elles seront prises en considération par nos services dans les délais les plus brefs… »

« Dès les premiers mots, j'ai tout de suite reconnu le style de François Mitterrand, si aérien, si littéraire… J'ai apprécié ce « Cher Monsieur » … »

Ce texte, que l'on pourrait sous-titrer la « correspondance d'un mythomane », au demeurant fort bien écrit, n'aspire qu'à procurer une heure de joyeuse et hilare lecture. Il y parvient brillamment.

Mais sous couleur de légèreté, l'on distingue, dans une comédie politique du rapport au pouvoir, quelques lazzis et quolibets bien sentis qui autorisent l'intitulé de pamphlet.

C'est délicieux, jouissif, irrévérencieux et bien écrit.



Michel BLAISE © 2021