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jeudi 17 septembre 2020

Dix petits nègres, Agatha Christie




                                                           

                                                    


Dix petits nègres "débaptisés".

Agatha,

Au fond, cette décision ne t’aurait pas choqué. Toi, qui, aussi bien dans ta vie personnelle que d’écrivain, n’as cessé de tricher. D’abord avec les codes du roman d’enquête : "le meurtre de Roger Ackroyd", le coupable ne doit jamais être le narrateur ; « le crime de l’Orient express " : on ne doit jamais, dans un whodunit, mettre en scène plusieurs coupables (ici, en l’occurrence, ils le sont tous) ; de même que les domestiques ne sont jamais des assassins, alors que souvent tu as usé et abusé du procédé.

Bref, chère Agatha, il semblerait... que ton arrière-petit-fils aurait autorisé, sans pression..., la modification du titre de ton roman, "Dix petits nègres ". Eh oui, on récolte toujours ce que l’on sème, même au fin fond de l’éternité.

L’hypocrisie et la malice, que tu as toujours fort bien mises en scène, notamment un jour lorsque mystérieusement et lâchement tu disparus, te rendent visite par-delà les morts.

Mais tu étais une femme libre, Agatha.

À ces traits, ajoutés à la trahison du whodunit par la violation de ses codes les plus élémentaires, que reste-t-il de toi ? : ton livre, peut-être le plus populaire, travesti par des ayatollahs de la pensée – « couvrez ce sein que je ne saurais voir » -, au profil de ceux, lobotomisés, qui, déjà depuis longtemps, ne savent plus penser et réfléchir !

Au fond, je dois les remercier, Agatha. Je réfléchissais au un titre de mon roman à paraître dans quelque temps. Le voici : « Dix petits nègres  » Celui-ci n’est-il pas libre, désormais ? Et de mon vivant, nul ne le débaptisera.

C’est une chronique quelque peu funèbre, Agatha. Certes. Mais avec la dépouille des soldats de l’an II, ceux de la résistance, de Colbert, de Jean Jaurès, de Picasso ou de Stefan Zweig et de tant d’autres - hommes et femmes politiques, résistants, poètes ou écrivains, mais tous épris de liberté -, je te souhaite de reposer en paix, Agatha.

Michel BLAISE ©


NB : Tous ceux qui agissent ainsi, qui agitent le spectre du racisme - que je n'ignore pas - sans en connaitre le sens exact sont les artisans d'un mouvement hygiéniste et indigéniste, mais qui sont racialistes eux-mêmes qui, malheureusement, excitent les masses incultes Parce que, dans ces conditions, c'est toute la littérature mondiale, pour ne citer que cet art et, plus particulièrement, la littérature française, qu'il faut réécrire : que penser de Flaubert qui, dans madame Bovary, emploi à l'envi le mot "nègre" et qui fait dire au personnage de" Lleureux" " Nous ne sommes pas des juifs".??.. Ces gens sont incapables de replacer les choses dans leur contexte parce qu'ils ne connaissent rien.

vendredi 17 janvier 2020

Le mystère des frères siamois, Ellery Queen


                                     


Ellery Queen et son père, l'inspecteur Richard Queen de la brigade criminelle de New York sont de retour du Canada. Cernés par un incendie de forêt, ils sont contraints de quitter la route principale pour emprunter un chemin ne menant nulle part. Au terme d'un parcours parsemé d'embuches, au cours duquel ils croisent un véhicule conduit par un homme au comportement étrange, ils parviennent devant la demeure insolite du docteur Xavier qui leur offre l'hospitalité pour la nuit. Au cours de la soirée, ils rencontrent les neuf autres habitants et résidents qui montrent tous d'étranges comportements.

Au moment de rejoindre sa chambre, l'inspecteur Queen est terrifié à la suite de la vision, au fond du couloir, d'une masse informe et inhumaine. Le lendemain matin, le docteur Xavier est retrouvé mort assassiné, la moitié d'une carte déchirée dans la main droite : le six de pique.


L'incendie progresse dangereusement et menace la demeure et ses hôtes. Ceux-ci sont épuisés et démoralisés : « en même temps la présence parmi eux d'un sanglant assassin n'arrivait pas à leur faire oublier la menace bien plus terrible qui s'avançait vers dans la forêt… C'est qu'ils avaient peur d'être seuls, peur les uns des autres, peur du silence, peur du feu ». (P. 255, 256).

La police est empêchée de se déplacer pour enquêter par suite de l'incendie. L'inspecteur Queen et Ellery, mènent alors l'enquête dans une ambiance caniculaire. Après moult hésitations et accusations erronées, mais au terme d'une déduction d'une logique impitoyable, même si les flammes sont sur le point de les consumer tous, Ellery, in extremis, finit par confondre le ou la coupable.


Ellery Queen est, à la fois, le pseudonyme de deux auteurs américains, cousins par alliance -  Frédéric Dannay (1905-1982) et Manfred B. Lee (1905-1971) - et le nom du héros, l'enquêteur détective, « Ellery », dans la série des romans « mystère ». Il y a plusieurs périodes dans le « cycle Ellery Queen  » ; elles sont toutes unies par le même dénominateur : le roman policier et, plus particulièrement, le roman policier d'enquête. Précédant JOHN DICKSON CARR Ellery Queen est la référence des auteurs américains de whodunit (1) au 20ème siècle. Les romans, les nouvelles ou les anthologies des deux cousins, qui ont écrit parfois sous un autre pseudonyme, mais toujours dans la catégorie « intrigues policières », constituent une œuvre de plus de quatre-vingts ouvrages. Malheureusement, tous ne sont pas traduits en français (3) ; or une maitrise parfaite de l'anglais s'impose pour une lecture idéale de ce style de récits dans le texte. « Le mystère des frères siamois » est le premier roman de la série traduit.

Ellery est un dandy truculent, singulier et excentrique capable d'élucider comme nul autre - au côté de son père, l'inspecteur Richard Queen de la brigade criminelle de New York - grâce à sa science et à ses hautes capacités d'observation et de déduction, les enquêtes les plus ardues qui défient la logique ; un véritable personnage crée en laboratoire : distrait et tête en l'air, mais capable d'éclairs de génie au moment où l'on ne s'y attend pas. Très grand, il mesure près de deux mètres, les cheveux bruns, il porte parfois des lunettes. Il vit encore avec son père dans un petit appartement de Manhattan à New York où il passe son temps entre l'écriture de romans policiers et la participation aux enquêtes de son père.


Toutes les enquêtes d'Ellery sont absolument jouissives. Avec maestria, l'auteur associe le lecteur à l'enquête en le défiant de résoudre celle-ci à l'aide d'indices, vrais ou insignifiants, dévoilés tout le long d'un récit dans lequel le suspense est omniprésent. Les décors et les ambiances, constamment en milieu clos, sont toujours singuliers et excitants ; les personnages sont insolites et troublants.

Avant de révéler l'énigme, le récit s'interrompt afin que l'on puisse formuler une hypothèse avant qu'Ellery donne la solution : « – je vous préviens… Que je vais vous exposer probablement l'affaire la plus extraordinaire du crime prétendument parfait.  » (P.271).


C'est un jeu littéraire sensationnel magistralement orchestré. Les livres d'Ellery Queen appartiennent à ceux dont on a hâte de reprendre la lecture quand on a dû interrompre celle-ci.


À ceux affirmant que l'intrigue serait un peu « tirée par les cheveux »  il convient de répondre que le principe du whodunit n'est pas de raconter un fait divers, réel ou fictionnel, à l'origine d'une enquête policière traditionnelle telle que nous la comprenons communément ; il n'est pas un thriller ou un roman noir non plus. Le whodunit est un genre bien particulier de la littérature policière (1). L'enquête s'apparente à jeu intellectuel où le sens de la logique rigoureuse du lecteur, presque mathématique, est mis à l'épreuve (2). Le contexte de l'intrigue, les décors et paysages ou bien encore les personnages ne sont que le prétexte à celui-ci.


Et, il serait inopportun, pour apprécier la valeur d'Ellery Queen, de le comparer à Agatha Christie – ce que fait une certaine critique mal informée – dont les romans sont loin d'être tous des whodunit proprement dits et ceux qui le sont s'affranchissent quelquefois des règles les plus élémentaires du whodunit. (Narrateur/domestiques/enquêteurs coupables ; pluralité de criminels, etc.). Agatha Christie, aussi remarquable qu'elle soit, n'est pas, pour autant, « La reine du crime » !

En un mot comme en cent, Ellery est excellent ; il n'a rien à envier à Hercule Poirot. Ses enquêtes sont des réjouissances qui se dégustent avec une tasse de thé.


Bonne lecture,


Michel BLAISE ©


1) le whodunit - contraction de « Who done it ? « Qui l'a fait ?  » - est devenu synonyme du roman d'énigme classique du début du XXe siècle, appelé aussi roman problème ou roman jeu. Ce roman de détection est une forme complexe du roman policier dans laquelle la structure de l'énigme et sa résolution sont les facteurs prédominants. Au cours du récit, des indices sont fournis au lecteur qui est invité à déduire l'identité du criminel avant que la solution ne soit révélée dans les dernières pages. L'enquête est fréquemment menée par un détective amateur plus ou moins excentrique, par un détective semi-professionnel, voire par un inspecteur de la police officielle.


Le roman de type « mystère en chambre close » est une forme particulière de « whodunit » et renvoie à une énigme où la victime aurait été tuée ou agressée dans un local apparemment étanche dont le coupable se serait échappé de façon irrationnelle.


En principe, le lecteur doit disposer des mêmes indices que l'enquêteur et donc des mêmes chances que lui de résoudre l'énigme, l'intérêt principal de ce genre de romans étant de pouvoir y parvenir avant le héros de l'histoire. (Source Wikipédia).


2) Il y a dans ce billet un indice pour résoudre l'énigme du « mystère des frères siamois » ……


3) Il est regrettable que les éditions archipoches, qui republient en français les certaines enquêtes d'Ellery Queen, méprisent autant ses lecteurs. Les traductions sont parfois approximatives, ruinées par des fautes d'orthographe et, parfois même, par des contresens ou phrases sans queue ni tête et illisibles. (Le mystère des frères siamois, nouvellement réédité, est, cette fois-ci, correct).

J'ai interrogé l'éditeur – Archipoche - sur ce problème. Voici sa réponse édifiante:

« Bonjour cher Monsieur,

Merci de votre attention pour nos éditions.

Vous retrouverez ici la totalité des titres traduits : http://www.archipoche.com/page-auteur/?id=104024

Je vous laisse vous faire votre propre avis via Babélio, site sur lequel nous avons proposé la lecture de ces romans ».

Nous ne pouvons pas retraduire comme nous le souhaitons le texte original malheureusement. Cela ne nous incombe guère.

Bonne journée, »

Merci pour cet aveu, mais avec le décodeur, je comprends : « Allez-vous faire voir !  ».

Quand on ne peut pas retraduire, on s'abstient de publier n'importe quoi en toute connaissance de cause !

                                          

dimanche 22 décembre 2019

Le mystère de la chambre jaune, Gaston Leroux

                                   

« Le mystère de la chambre » jaune est un roman policier de Gaston Leroux (1868 - 1927), paru en 1907, écrit selon le mode du roman d'enquête. Il s'agit de la première aventure et enquête du jeune reporter Joseph Rouletabille.



Le principe est celui du crime « en chambre close ». La fille du professeur Stangerson est victime d'une violente agression alors qu'elle est enfermée dans sa chambre au château du Glandier. Si la jeune femme échappe à la mort, le mystère demeure entier : le coupable n'a pu matériellement s'échapper de la chambre : les fenêtres sont condamnées ; il n'existe aucun passage secret ni aucune autre issue. Le jeune détective Rouletabille parvient à pénétrer dans le domaine et résout le mystère.

Ce roman est un monument de la littérature policière d'enquête française. Son aspect théâtral, l'élégance avec laquelle le suspense, sur plus de quatre cents pages, est assuré sans relâche - les scènes successives qui soutiennent et font rebondir sans cesse l'intrigue au moyen d'une succession de mystères imbriqués les uns aux autres font de ce livre, à mon sens, la référence du genre policier de détective. À cela s'ajoute le fait que Gaston Leroux invente une enquête parfaitement cohérente et dénuée d'invraisemblances. L'on saisit immédiatement toute la portée de la promesse de l'auteur de nous tenir en haleine, sans aucun répit, dès les premiers mots du narrateur :



« Ce n'est pas sans une certaine émotion que je commence à raconter ici les aventures extraordinaires de Joseph Rouletabille. Celui-ci, jusqu'à ce jour, s'y était si formellement opposé que j'avais fini par désespérer de ne jamais publier l'histoire policière la plus curieuse de ces quinze dernières années…  »

En outre, l'écriture est admirable. L'on se délecte de la poésie des personnages, des lieux et des dialogues. Ainsi, et par exemple, « le presbytère n'a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat », la phrase, demeurée célèbre, qui permet à Rouletabille de résoudre le mystère…

C'est par la lecture du « mystère de la chambre jaune » que l'on peut et doit découvrir le roman policier d'enquête et de détective, au sens où le lecteur est associé à la résolution de l'enquête (le whodunit). Aucun autre roman, du même genre, ne captive, à ce point, de bout en bout.



Bonne lecture,

Michel BLAISE©

mardi 30 avril 2019

Le cri des corbeaux, Mattieu Parcaroli.

        

                                                                                                                

                                                                         

Une disparition mystérieuse

Le 14 novembre 2014, à 8 h 30, Éric D’Égide quitte le domicile d’Emily. Puis, il disparaît.

Que cache ce professeur de droit international belge, trentenaire à l’esprit aussi brillant qu’impulsif et imprévisible ? Seule certitude : son véhicule est retrouvé abandonné dans le parking de l’aéroport de Zaventem, alors qu’aucune caméra de surveillance ne l’a vu entrer.

Pour autant, la police est convaincue de son départ précipité et définitif. Pour les enquêteurs, D’Égide a tout abandonné : son travail, ses collègues, et surtout Emily.

Emily

Obsédée par les chiffres et les nombres, jusqu’à la monomanie, elle demeure dans l’incertitude pendant 614 jours. Deux années à ressasser la dernière journée d’Éric, à espérer… En vain.

Quelques lueurs d’espoir naissent pourtant, notamment grâce à un webmaster sulfureux, qui gère un site dédié aux personnes disparues.

Une enquête captivante

Alain Lallemand, journaliste au quotidien d’investigation belge Le Soir, s’intéresse à cette affaire. Secondé par l’inénarrable Fred, il se plonge dans cette disparition. Il a connu Éric par le passé, et sa détermination à élucider ce mystère devient encore plus vive lorsque…

➡ Éric est de retour.

Un roman puissant et maîtrisé

Un jour comme les autres, publié aux Éditions Hervé Chopin, est le quinzième roman de Paul Colize, auteur vivant à Waterloo.

Récompensé par de nombreux prix prestigieux (Prix Landerneau du Polar, Prix Polars Pourpres, Prix Arsène Lupin, Grand Prix de la littérature policière…), Colize est un écrivain aux multiples facettes, dont le travail d’enquête est remarquable.

📖 Quelques œuvres marquantes : ✔ Zanzara → Le journalisme, où apparaît déjà Alain Lallemand. ✔ Un parfum d’amertume → Un polar de détective. ✔ Un long moment de silence → Une enquête historique.

Un roman à la frontière des genres

Difficile d’assigner un genre précis à cet ouvrage : polar, enquête, récit de victime… Mais une chose est certaine : ce roman se situe à la périphérie de la littérature.

Les lettres de Massimo, personnage secondaire, en sont un parfait exemple :

"Ce matin, le lac était enveloppé de cette brume qui apeurait votre chien. Vos visites me manquent. Nos rencontres me comblaient d’un bien-être jusqu’alors ignoré. Je vous revois, vous agitant, passant du rire aux larmes, vous moquant avec attendrissement de mes silences, bousculant sans le savoir mes plus intimes convictions…" — Page 175

Une intrigue au service d’une dénonciation

Paul Colize construit une enquête parfaitement maîtrisée, où l’intrigue policière, soumise à la perspicacité du lecteur, n’est qu’un prétexte à une narration plus profonde.

L’auteur dénonce des scandales géopolitiques d’une éclatante actualité, mettant en lumière : ✔ Le rôle des lanceurs d’alerte ✔ Le travail rigoureux des journalistes d’investigation.

Colize ne cache rien de la réalité de ses personnages, notamment Alain Lallemand, journaliste au Soir et romancier.

Une écriture d’une rare précision

Avec une maîtrise exceptionnelle de la langue française, Paul Colize nous offre un roman précis et documenté, servi par une intrigue addictive.

L’originalité du récit réside dans sa construction journalistique, inspirée du modèle d’un opéra en quatre actes. Sur plus de 400 pages, l’auteur déroule une trame élaborée sous forme de courts chapitres, qui pourraient constituer un dossier de presse sous forme de puzzle.

Cet ouvrage n’est pas un documentaire, mais bien un roman, destiné à satisfaire le besoin de suspense du lecteur. Et Paul Colize y parvient magistralement.

Des personnages riches et nuancés

Les personnages, principaux ou secondaires, sont profondément travaillés : ✔ Attachants et cocasses → Fred, collègue de Lallemand, et Camille, sa compagne. ✔ Révoltants et inquiétants → Certains personnages liés à l’enquête.

L’auteur leur confère une finesse psychologique remarquable, parfois teintée d’un humour grinçant, qui allège la dramaturgie du récit tout en amplifiant leur personnalité.

Un roman à lire absolument

Je remercie très chaleureusement les Éditions Hervé Chopin de m’avoir permis de découvrir ce dernier récit de Paul Colize, et pour ces quelques heures de bonheur et de délectation à le lire.

📖 Chronique rédigée par Michel BLAISE © F.D.L (Fureur de Lire)