Bienvenue sur le site du Lecteur Impertinent !
Passionné de lecture, vous trouverez ici des critiques de livres, des coups de cœurs — et parfois des coups de gueule — mais toujours sincères.
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📖 « Il faut toujours dire ce que l'on voit : surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l'on voit. » — Charles Péguy
√ Une voix singulière au service de la clarté
Ancien ambassadeur d'Israël, représentant permanent de la France auprès des Nations unies à New York, puis ambassadeur de France aux États-Unis, Gérard Araud est aussi l'auteur de plusieurs ouvrages, dont Nous étions seuls (2004), et tient aujourd'hui une chronique internationale dans Le Point.
√ Une analyse lucide et documentée
Son analyse tranche avec les approximations habituelles : lucide, documentée, elle s'appuie sur une connaissance directe des équilibres internationaux et sur une expérience de terrain qui donne à ses propos un relief singulier. Loin des postures convenues, il met en lumière les contradictions et les hypocrisies qui traversent le débat diplomatique contemporain.
√ La sécurité d’Israël, un impératif vital et existentiel
📌 C'est dans ce cadre qu'il rappelle que la sécurité d'Israël, au cœur de toutes les tensions, n'est pas un slogan, mais un impératif vital. Elle est d'ailleurs existentielle : sans cette sécurité, c'est l'avenir même de l'État hébreu qui est menacé, alors qu'il constitue la seule démocratie de cette partie du monde. Sur ce point, Stéphane Amar (1) a montré avec justesse que les investissements engagés par Israël, dans tous les domaines, sont tels qu'il ne peut plus y avoir de retour. La sécurité de l'État ne se discute donc pas : elle est la condition même de sa survie et de sa continuité.
√ Les slogans creux contre la réalité des faits
Ceux qui, par paresse intellectuelle ou militantisme aveugle, s'obstinent à parler de « génocide » lorsqu'ils évoquent la guerre à Gaza — à l'image de certains à "La France Insoumise" (LFI) — se coupent de la réalité et de la raison. Ce raccourci, aussi bruyant qu'erroné, flatte les instincts militants, mais détourne de la vérité. Les spécialistes sérieux, eux, savent qu'il n'en est rien : ce sont les dirigeants du Hamas qui instrumentalisent les civils, les utilisant comme boucliers humains, tandis que l'Autorité palestinienne reste prisonnière de son impuissance.
√ Une leçon confirmée par le 7 octobre 2023
📌 Ce diagnostic, il l'avait formulé bien avant le 7 octobre 2023. Le massacre orchestré ce jour-là par le Hamas est venu donner une sinistre confirmation à ses avertissements. Prévision lucide ou simple conséquence d'une lecture informée de la région ? Peu importe : les faits parlent. Et ils parlent d'autant plus fort que beaucoup avaient choisi de ne pas les voir.
√ La différence d’une parole qui dérange
C'est ici que se joue la différence. Tandis que nombre de responsables politiques préfèrent répéter des slogans commodes pour flatter leurs partisans, lui assume de dire ce qui dérange. Cela peut heurter, mais c'est précisément ce qui fait la valeur de sa parole : elle n'est pas faite pour séduire, mais pour prévenir. On n'avance pas en fermant les yeux, on avance en regardant la réalité en face — même lorsqu'elle est brutale.
√ Une exigence précieuse
Son propos, direct et sans fard, bouscule ceux qui se complaisent dans le confort des illusions. Et c'est aussi ce qui fait sa force : il ne cherche pas à séduire par des artifices de langage, il dit la vérité telle qu'elle est quitte à froisser les sensibilités. C'est cette exigence qui rend ses analyses précieuses et leur donne une valeur durable, bien au-delà de l'écume des polémiques.
« C'est la culture qui nous rend intelligents » (Joseph Henrich)
Ils sont innombrables les ouvrages sur l'intelligence humaine comparée à celle de l'animal (l'éthologie). Mais rares sont les auteurs, comme Joseph Henrich qui a compris et démontre magistralement que ce n'est pas parce que « l'Homme est un animal raisonnable » (Aristote) qu'il dispose de tous les outils, méthodes ou savoir-faire. C'est parce qu'il a culturellement développé un large répertoire d'outils, de concepts, de savoir-faire et de méthodes qu'il est intelligent.
C'est, au fond, la culture qui le rend intelligent. Celle-ci s'accumule au fil des générations et, au bout du processus, on finit par envoyer une fusée sur la Lune.
Henrich, qui dirige le département de biologie évolutive humaine de l'université Harvard, illustre son propos de façon très convaincante.
« Les racines de manioc contiennent du cyanure. Or, dans les Amériques, des sociétés qui s'en nourrissent depuis des millénaires, elles ne présentent aucun cas d'intoxication. Pourquoi ? Parce qu'elles ont mis au point des techniques complexes de transformation, comportant des étapes nombreuses et qui peuvent paraitre fastidieuses … Une fois isolé, ce liquide est mis à bouillir et transformé en boisson ; les fibres et l'amidon sont mis de côté pendant deux jours supplémentaires … Un individu peut être tenté de simplifier cette longue procédure et se contenter, par exemple, de faire bouillir le manioc. Or si cela réduit l'amertume et empêche les symptômes aigus, cela n'élimine pas suffisamment le cyanure et on s'expose à une intoxication chronique. Souvent, la plupart voire la totalité des individus qui manifestent un grand savoir-faire dans l'application de ces pratiques adaptatives ne savent ni comment ni pourquoi elles fonctionnent.
Cette opacité causale de nombreuses adaptations culturelles a des effets très importants sur notre psychologie : nous sommes programmés pour avoir foi dans le savoir qu'on nous transmet. »
Ainsi, la prochaine fois que vous direz « ok gogole » (Google, pour les puristes) à votre smartphone, pensez à Joseph Henrich et à ses travaux.
Je conseille l'excellente interview de l'auteur dans le magazine « Books », juin 2020 n°108.
L'ouvrage de Maurice Maeterlinck, réédité par les éditions Archipoche, le 9 janvier 2020, est essentiellement écrit d'un point de vue philosophique et éthologique suivant une prose magnifique.
Il demeure un classique indispensable pour qui s'intéresse aux abeilles et a conscience que leur disparition annoncée augure la fin de l'humanité bien avant l'extinction du soleil dans quelques milliards d'années (autrement dit, sur une telle échelle, là, maintenant, le temps de lire cet avis), si nous persistons à détruire cet insecte indispensable.
Pour une meilleure connaissance sur la vie et l'organisation des abeilles, je recommande l'ouvrage "Vie et mœurs des abeilles" de Karl von Fristch, ainsi que l'émission culte de J.C Ameisen, sur France Inter, "Sur les épaules de Darwin" ; le podcast, l'apiculteur aveugle, est toujours disponible, ici