jeudi 18 juillet 2019

L'Essence des Ténèbres, Tom Clearlake



                                  
St. Marys (État de Pennsylvanie). La succession d'enlèvements de très jeunes enfants angoisse ses habitants. Le Bureau Fédéral d'Enquête (FBI) désigne l'un de ses meilleurs agents, Eliott Cooper, afin de retrouver les malheureuses victimes et de neutraliser les criminels.
L'enquête débute dans des conditions étranges.  Un collègue inconnu remet le dossier à Cooper au point de rencontre, dans un endroit retiré de la ville couvrant de grandes forêts, où se dissimulent probablement les ravisseurs.  Celui-ci est délesté de certaines pièces médico-légales répertoriées confidentielles.
Eliott Cooper arpente et explore les vastes étendues ; il considère également, à la faveur de détecteurs connectés à des écrans installés dans une cabane transformée pour la cause en dortoir et "poste de surveillance", la présence éventuelle de vies humaines.
Mais, très vite, l’agent fédéral est confronté à des phénomènes surnaturels. Il n'observe, au sein de ces grands espaces, aucune présence animale ni humaine. Étonnamment, il se rapproche et se confronte à des ruines "encerclées" de matières géologiques inhabituelles. Il augure - à cet instant et ici – la mystérieuse existence d'un autre monde.
Un jour, il voit sur ses moniteurs, la présence, "quelque part" dans la forêt, de trois silhouettes féminines dont l'une tiendrait en ses mains un manuscrit. Il se hâte à leur rencontre.  Il assiste alors, tapi et sidéré, à des rites de messes noires, de   sorcellerie et   des scènes d'anthropophagie :
"Existe-t-il un lien entre ces trois jeunes femmes, ces ruines singulières et les enlèvements de St.Marys ? Voilà la seule question à laquelle je dois apporter une réponse concrète et rationnelle. Il prit son téléphone portable et ouvrit le fichier des images qu'il avait réussi à filmer. Mais un message d'erreur lui indiquait que le fichier n'était pas lisible…." (P.63).
Mais voilà que maintenant, l'agent du FBI est à son tour accusé de cannibalisme par sa hiérarchie. Contraint de fuir, atteint de mystérieuses et effrayantes manifestations physiques, il supplie Lauren Chambers, une collègue naguère son amante, de venir l'aider. L'enquête prend alors une tout autre dimension qui dépasse tout ce qu'aurait pu imaginer Eliott Cooper, et, en tout cas, et le "simple" ravissement de jeunes enfants.
Tandis que désormais la survie de la civilisation humaine est le prix de la perspicacité, du courage et des sacrifices de Lauren Chambers et d'Eliott Cooper, les forces obscures et leurs complices se hâtent. "La grande lutte des ténèbres a commencé" (1) ; il n'y a véritablement plus une seconde à perdre…

mercredi 10 juillet 2019

Remèdes littéraires, se soigner par les livres, Ella Berthoud



Un jour un papa vécu un chagrin indicible. Dans un accident, il perdit ses 2 jumeaux de 6 ans.

Jamais, il n'en dit mot plus que ça. Il cessa son travail ; il s'enferma ; Il lit et écrivit au-delà du supportable.

Mais un samedi de décembre, c'était une fin d'après-midi, alors que tous les papas et toutes les mamans convoquent le père Noël dans le grand magasin du bonheur, il vit, sur le rayon, le livre ouvert à la première page : 

" ceci est un manuel médical - à une différence près . Avant tout, il ne fait pas de distinction entre les peines affectives et les douleurs physiques ; vous pourrez trouver dans ces pages soigner un cœur brisé ou une jambe cassée. L'ouvrage traite également des situations courantes quotidiennes, telles que déménager, chercher l'âme sœur, ou traverser une crise de la quarantaine. Les plus grandes épreuves de la vie, par exemple perdre un être aimé ou devenir un parent célibataire, y ont aussi leur place....Ces pathologies méritent d'être soignées..."

Ce papa demeura dubitatif ; il acheta ce petit espoir, cependant.
Quelques années ont passé, point le chagrin - doux euphémisme.
Mais dans cet océan et ces espaces d'absolues violences, "remèdes littéraires..." lui apporta, parfois, quelques millièmes de secondes apaisantes. 
Ce fut peu, mais beaucoup en même temps. 

Michel BLAISE ©

mardi 2 juillet 2019

Mort contre la montre, Jorge Zepeda Patterson



                                                Policier


Au mois de juillet 2016, le Tour de « France » est terrifié : un assassin, caché au sein du peloton, menace les 198 concurrents.

Les favoris sont mis « hors d’état de nuire ». Steve Panata – le leadeur américain de La « Fonar », assisté de Marc Moreau, surnommé Annibal (1), son ami franco-colombien depuis 10 ans et « gregario » (2) de l’équipe - demeure le seul susceptible de gagner la course pour la cinquième fois consécutive.

La victoire des équipes favorites, rivales de la « Fonar », est compromise. Les soupçons se dirigent très vite en direction des leadeurs de quatre autres plus modestes susceptibles, toutefois, d’inquiéter Steve Panata.

Pour démasquer le coupable, garantir la loyauté de la compétition, Marc Moreaule narrateur, assiste - au cœur de l’organisation, durant les 21 étapes - l’inspecteur FavreAnnibal doit redoubler de sagacité : aider Steve à gagner, confondre le coupable résolu à voler la victoire ou, plus redoutable, à ruiner la crédibilité du Tour de France.

Le temps presse. Rencontres et discussions dérobées "agrémentent" les dessous du « Tour »Annibal et son "amante", Fiona, responsable technique de l’équipe, le colonel Lombard, son mentor, Ray, le journaliste et, bien entendu, l’inénarrable inspecteur Favre s’efforcent d’élucider le complot.
Tous les suspects ont un mobile ; l’enquête est laborieuse ; les hypothèses ne cessent de varier. De l’italien Matosas, désormais favori, à Steve lui-même, jusqu’au directeur sportif de l’équipe « "Fonar" », menacé de limogeage si Steve échoue ; tous seront un instant soupçonnés.

Annibal est-il aussi innocent qu’il n’y parait ? En effet, une autre réflexion le tourmente. Exploitera-t-il les circonstances pour trahir son ami, Steve : s’échapper, aux derniers instants décisifs de la compétition, à la conquête du maillot jaune ?

lundi 24 juin 2019

"Dette de sang", Kevin Wignall


                    


Cette fiction incarne autant le genre policier que le thriller psychologique.  

Quelque part en Angleterre, la richissime famille Ben Hatto, le père, Mark, la mère et leur fils Ben, 17 ans, sont cruellement assassinés à leur domicile. Pendant ce temps, Ella, l’aînée, étudiante à l'université, est en vacances en Italie en compagnie de son petit ami, Chris. 


Alors que ceux-ci, assis au soleil dans une petite ville de Toscane, se délassent à l'heure de la passeggiata (1) à la terrasse d'un estaminet, Ella aperçoit brusquement un type qui  les a suivis durant tout leur séjour transalpin.  Déterminé, armé, celui-ci s'approche, tire sur l'homme qui s'apprêtait à exécuter Ella. Mark savait sa famille menacée ; il avait engagé Lucas, ancien tueur à gages reconvertit en garde du corps, pour veiller sur sa fille.


C'est alors que se succèdent moult péripéties, par rails et sur les routes, de Florence en Angleterre, en passant par la Suisse, chez Lucas, qui recueille un temps les deux adolescents. C'est finalement auprès de son oncle, Simon, le frère de Mark, de sa tante Lucy et de ses petits cousins, que la jeune Lucy résidera désormais après avoir su, rapidement, la tragédie subie par les siens.


Aidé par Lucas, avec lequel elle demeure secrètement – au grand dam de la police  —  en relation, Ella, originellement adolescente jeune et innocente, se mue en riche héritière impitoyable pour traquer, contre vents et marées et surmontant ses doutes, les coupables et venger sa famille, surtout son petit frère Ben, jusqu'au dénouement de cette affaire, singulièrement surprenant…  


vendredi 7 juin 2019

Tangerine, Christine Mangan


   
                                 

                                                            Thriller psychologique.

Tanger, 1956 ; Bennington (U.S.A), quelques années auparavant.

Sur le mode du récit choral, ce roman propose un thriller psychologique mettant en scène deux jeunes femmes, Alice, d'origine états-unienne, issue de la "bonne bourgeoisie", irritante par sa passivité, ses maladresses et sa personnalité équivoque ; Lucy, résidant en Angleterre, débordante d'assurance, impétueuse et machiavélique à l'envi. 

Le Maroc est "aux portes" de l'indépendance. Alice, expatriée, n'a jamais supporté Tanger, étouffante, poussiéreuse et oppressante. Mais, pour faire table rase du passé et oublier le Vermont américain et le drame subi à l'Université de Bennington - que l'auteur nous dévoile progressivement - elle y a pourtant a suivi son mari, John, sans parvenir à s'assimiler.

Autant d'efforts inutilement consentis quand, un an après, Lucy, son ancienne amie et colocataire à la faculté, débarque dans la ville d'Afrique du Nord. Celle-ci est déterminée, avec un projet aussi minutieux que terrifiant, à  retrouver Alice.

Ainsi fait, Lucy s'emploie à raviver le passé. Elle s'efforce d'éloigner Alice de son énigmatique et sulfureux époux. Au fil du roman, la tension entre les deux héroïnes ne cesse d'évoluer autour d'une ambiance de plus en plus pesante, malsaine et perverse pour atteindre une fin paroxystique.

Christine Mangan est diplômée du "Columbia College Chicago" ; elle obtient un MFA d'écriture de l’University of Southern Maine. En Irlande, où elle réside par la suite, elle acquiert un doctorat  de l’"University College Dublin" (La littérature gothique du 18eme siècle). Elle vit actuellement à Brooklyn.

"Tangerine", publié en 2019 aux éditions Harper-Collins, traduit de l'américain par Laure Manceau est son premier roman.

"Imaginez Donna Tartt, Gillian Flynn et Patricia Highsmith écrivant ensemble le scénario d'un film d'Hitchcock",  précise le bandeau attaché à l'ouvrage.... (1)

jeudi 16 mai 2019

Salut A Toi Ô Mon Frère, Marin Ledun



                                Satire sociale - policier
                                   TRÈS DRÔLE !

Nous sommes le matin du 27 mars 2017 à Tournon-sur-Rhône au sein de la déjantée smala Mabille-Pons : l’inénarrable, excitée et outrancière Adélaïde, la mère, infirmière ;  l’accommodant Charles, le père, clerc de notaire ; six enfants (Ferdinand, l'aîné, Pacôme, Antoine,  Gustave - dit Gus, le benjamin, adopté, d'origine colombienne  -  ainsi que deux filles, Rose et Camille ; un chien, deux chats. Ce matin même, alerte générale, le "petit" Gus, a disparu...
Dans la nuit, un bureau de tabac était cambriolé. Le gérant est grièvement blessé. Transporté à l'hôpital, il est dans le coma.  Mais où est donc passé  Gus ? On s'interroge toujours, quand -  tout à coup - on sonne à la porte. Qui est ce ? : "Personne"…  Richard Personne, inspecteur de Police, muni d'un mandat de perquisition… Gus, le "colombien basané"(1), est le coupable idéal et désigné...

mardi 30 avril 2019

Le cri des corbeaux, Mattieu Parcaroli.

        

                                                                                                                

                                                                         

Une disparition mystérieuse

Le 14 novembre 2014, à 8 h 30, Éric D’Égide quitte le domicile d’Emily. Puis, il disparaît.

Que cache ce professeur de droit international belge, trentenaire à l’esprit aussi brillant qu’impulsif et imprévisible ? Seule certitude : son véhicule est retrouvé abandonné dans le parking de l’aéroport de Zaventem, alors qu’aucune caméra de surveillance ne l’a vu entrer.

Pour autant, la police est convaincue de son départ précipité et définitif. Pour les enquêteurs, D’Égide a tout abandonné : son travail, ses collègues, et surtout Emily.

Emily

Obsédée par les chiffres et les nombres, jusqu’à la monomanie, elle demeure dans l’incertitude pendant 614 jours. Deux années à ressasser la dernière journée d’Éric, à espérer… En vain.

Quelques lueurs d’espoir naissent pourtant, notamment grâce à un webmaster sulfureux, qui gère un site dédié aux personnes disparues.

Une enquête captivante

Alain Lallemand, journaliste au quotidien d’investigation belge Le Soir, s’intéresse à cette affaire. Secondé par l’inénarrable Fred, il se plonge dans cette disparition. Il a connu Éric par le passé, et sa détermination à élucider ce mystère devient encore plus vive lorsque…

➡ Éric est de retour.

Un roman puissant et maîtrisé

Un jour comme les autres, publié aux Éditions Hervé Chopin, est le quinzième roman de Paul Colize, auteur vivant à Waterloo.

Récompensé par de nombreux prix prestigieux (Prix Landerneau du Polar, Prix Polars Pourpres, Prix Arsène Lupin, Grand Prix de la littérature policière…), Colize est un écrivain aux multiples facettes, dont le travail d’enquête est remarquable.

📖 Quelques œuvres marquantes : ✔ Zanzara → Le journalisme, où apparaît déjà Alain Lallemand. ✔ Un parfum d’amertume → Un polar de détective. ✔ Un long moment de silence → Une enquête historique.

Un roman à la frontière des genres

Difficile d’assigner un genre précis à cet ouvrage : polar, enquête, récit de victime… Mais une chose est certaine : ce roman se situe à la périphérie de la littérature.

Les lettres de Massimo, personnage secondaire, en sont un parfait exemple :

"Ce matin, le lac était enveloppé de cette brume qui apeurait votre chien. Vos visites me manquent. Nos rencontres me comblaient d’un bien-être jusqu’alors ignoré. Je vous revois, vous agitant, passant du rire aux larmes, vous moquant avec attendrissement de mes silences, bousculant sans le savoir mes plus intimes convictions…" — Page 175

Une intrigue au service d’une dénonciation

Paul Colize construit une enquête parfaitement maîtrisée, où l’intrigue policière, soumise à la perspicacité du lecteur, n’est qu’un prétexte à une narration plus profonde.

L’auteur dénonce des scandales géopolitiques d’une éclatante actualité, mettant en lumière : ✔ Le rôle des lanceurs d’alerte ✔ Le travail rigoureux des journalistes d’investigation.

Colize ne cache rien de la réalité de ses personnages, notamment Alain Lallemand, journaliste au Soir et romancier.

Une écriture d’une rare précision

Avec une maîtrise exceptionnelle de la langue française, Paul Colize nous offre un roman précis et documenté, servi par une intrigue addictive.

L’originalité du récit réside dans sa construction journalistique, inspirée du modèle d’un opéra en quatre actes. Sur plus de 400 pages, l’auteur déroule une trame élaborée sous forme de courts chapitres, qui pourraient constituer un dossier de presse sous forme de puzzle.

Cet ouvrage n’est pas un documentaire, mais bien un roman, destiné à satisfaire le besoin de suspense du lecteur. Et Paul Colize y parvient magistralement.

Des personnages riches et nuancés

Les personnages, principaux ou secondaires, sont profondément travaillés : ✔ Attachants et cocasses → Fred, collègue de Lallemand, et Camille, sa compagne. ✔ Révoltants et inquiétants → Certains personnages liés à l’enquête.

L’auteur leur confère une finesse psychologique remarquable, parfois teintée d’un humour grinçant, qui allège la dramaturgie du récit tout en amplifiant leur personnalité.

Un roman à lire absolument

Je remercie très chaleureusement les Éditions Hervé Chopin de m’avoir permis de découvrir ce dernier récit de Paul Colize, et pour ces quelques heures de bonheur et de délectation à le lire.

📖 Chronique rédigée par Michel BLAISE © F.D.L (Fureur de Lire)