dimanche 4 septembre 2022

Cher connard, Virginie DESPENTES

 



                                         Littérature française




« Cher Connard » (Virginie Despentes), Grasset, 2022, est à l'auteur ce que le titre est à la langue française : vulgarité, muflerie et imposture.


Pour apprécier, à sa juste précision, l'écrit d'un auteur dit engagé, faut-il encore connaître la réalité de cet engagement. Pas seulement une réalité entourée de bienséance ou, à l'opposé, de prétendues dissidences et contestations, mais la réalité toute nue.


La réaction de Virginie Despentes - le lendemain des attentats du 7 janvier 2015, ayant décimé la rédaction de Charlie-Hebdo et des assassinats de quatre juifs dans une supérette casher - fut de prononcer les propos islamo-gauchistes selon lesquels : [elle] « aime tout le monde sans distinction, même ceux qui n'étaient pas Charlie ». Depuis, elle milite en faveur d'Adama Traoré et ne dissimule plus ses opinions racialistes.


Les ouvrages et prises de positions de l'auteur au moyen de ceux-ci - le dernier n'y échappent pas – sont des impostures.


La première imposture, celle d'une factieuse de carnaval, qui signe toutes les cases de l'élitisme : ancienne jurée du prix Femina, du prix Goncourt, lauréat du prix Renaudot, auteur représentée par le plus puissant agent du milieu artistique, romancière adaptée par Canal +, réalisatrice de films pitoyables nonobstant soutenus par la commission d'avance sur recettes du CNC dont elle devint membre en suivant et autre sinécure.


La factieuse est en réalité un nabab qui mange sa soupe à toutes les bonnes tables.


La deuxième imposture est l'arnaque intellectuelle de l'islamo-gauchisme dont l'une des obsessions idéologiques et ses propos que lui inspirèrent les frères Kouachi après l'attentat contre la rédaction de Charlie, comme déjà indiqué (les propos précités n'en sont pas moins"éloquents") :


« Et j'ai été aussi les gars qui entrent avec leurs armes. Ceux qui venaient de s'acheter une kalachnikov au marché noir et avaient décidé, à leur façon, la seule qui leur soit accessible, de mourir debout plutôt que vivre à genoux. J'ai aimé aussi ceux-là qui ont fait lever leurs victimes en leur demandant de décliner leur identité avant de viser au visage. (…) Je les ai aimés dans leur maladresse – quand je les ai vus armes à la main semer la terreur en hurlant "on a vengé le Prophète" et ne pas trouver le ton juste pour le dire. »


Dans le coup de cœur des librairesGérard Collard exprime avec justesse sa pensée (cf. la vidéo à la rubrique de l'auteur) :

jeudi 26 mai 2022

L'Embuscade, Émilie Guillaumin

 

                            Littérature Française, Thriller,  Djihadisme


« La guerre n'a pas un visage de femme » (1)


C'est un matin du mois d'août comme les autres pour Clémence. Il est très tôt. Les enfants dorment encore, l'atmosphère est déjà moite lorsqu'une délégation militaire se présente au domicile. Cédric Delmas - son conjoint, membre des forces spéciales du 13e RDP de Bordeaux (2) -, a disparu en mission, dans une embuscade, avec cinq compagnons d'armes, quelque part au Moyen-Orient.


La douleur et la sidération de Clémence s'amplifient très vite à la faveur de pensées circulaires et torturantes - Cédric est-il réellement mort ? - lorsque l'armée apprend à l'épouse que les résultats d'analyses ADN, effectuées sur le corps méconnaissable rapatrié, ne coïncident pas avec l'identité de Cédric.

lundi 29 novembre 2021

Un assassin parmi nous, Shari Lapena


                                                  Thriller, whodunit


Au sein de la forêt, dans les montagnes des Catskills situées à environ 160 km au nord-ouest de New-York et à 64 km au sud-ouest d'Albany, capitale de l'État, l'on peut se reposer quelques jours, loin de tout, du réseau internet et du téléphone, au « Mitchell's Inn », un bel hôtel de charme.

Les nouveaux pensionnaires font immédiatement et jovialement connaissance. Mais pour eux, ce séjour de deux jours s'apparente davantage à une thérapie qu'à une sinécure. Deux amies journalistes, l'une et l'autre liées par des relations équivoques, un couple au bord de la rupture du fait des infidélités de l'époux, une femme écrivain lesbienne, solitaire et mystérieuse, un avocat divorcé accusé du meurtre de sa femme, un jeune couple - dont la date du mariage est fixée - qui se serait bruyamment disputé au cours de la première nuit.

L'hôtel, pour améliorer et avantager le séjour de ses hôtes, est dirigé par un gérant veuf et son fils au demeurant très charmant, mais coutumier de certains comportements douteux, voire répréhensibles.

En tout état de cause, les premiers instants au « Mitchell's Inn » sont enthousiastes et chaleureux.

Le lendemain matin l'un des pensionnaires est retrouvé mort assassiné au pied de l'escalier. Puis, tous sont plongés dans le noir, privés de chauffage et du moindre secours du fait des conditions météorologiques.

Brusquement, tout s'accélère : un autre pensionnaire est mystérieusement assassiné, puis un deuxième, puis encore un autre… le suivant décède de manière inexpliquée sans que l'on sache s'il s'agit d'une mort naturelle ou d'un assassinat. Certains signes permettent de penser que le criminel appartient au groupe ou bien qu'un intrus se cacherait dans l'hôtel. Cette dernière hypothèse est définitivement écartée après une visite minutieuse de l'établissement.

Les conditions climatiques ne permettent pas à la police de se rendre sur les lieux pour enquêter. Aussi, les résidents survivants s'observent, se méfient et s'accusent les uns les autres. La tension est à son comble.

Quand la nature s'est enfin apaisée, le sergent Margaret Sorenson se rend sur les lieux afin d'interroger les pensionnaires et confondre le coupable.

Cependant ….

Le secret de Platon, Gilles Vervisch

 

        

                                  enquête policière philosophie antique          


"L'opinion est quelque chose d'intermédiaire entre la connaissance et l'ignorance". (Platon)


« le secret de Platon » est le premier roman publié par Gilles Vervisch, (Michel Lafon, 2018), professeur agrégé de philosophie. Il est Inutile de résumer les faits clairement rapportés sur la quatrième de couverture de l'édition originale ou de poche (J'ai lu, 2019), disponibles sur le site Babélio.

« le secret de Platon » est, essentiellement, un roman philosophique, peu ou prou à l'image de celui de Jostein Gaarder « le monde de Sophie » - avec de très sensibles différences cependant, mais je n'ai pas su trouver de meilleures comparaisons en matière d'équivalence qualitative.

Les dissemblances principales sont, autant l'intrigue et la nature de celle-ci, qu'une circonscription philosophique limitée à la période gréco-romaine et, elle-même, à certains penseurs.

Il me semble que l'ouvrage peut être lu par tous - de l'éminent philosophe, qui se réjouira de quelques heures d'énigmes, de suspense et d'aventures diverses - à l'élève de terminale désireux de parfaire ses connaissances des concepts philosophiques et de s'exercer à une réflexion rigoureuse. Cela grâce à la lecture d'un roman captivant et distrayant.

J'aurais très volontiers donné quatre étoiles si l'auteur n'avait pas cédé, de temps à autre, à la tentation de l'argumentation accommodante - humanitaire et tiers-mondiste - n'ayant strictement rien à voir avec le raisonnement philosophique. Il ne s'agit pas de condamner ou de soutenir celle-ci pour ce qu'elle est, mais le raisonnement philosophique, Gilles Vervisch, agrégé de philosophie, le sait parfaitement, est exclusif de la « bouillie du cœur. » La philosophie suppose un raisonnement rigoureux qui se moque de l'opinion personnelle et de la posture. La cohérence de la démonstration est la seule exigence.

À cela près, « le secret de Platon » est un excellent ouvrage, très instructif, passionnant de bout en bout - susceptible d'inviter à enrichir ses connaissances - dont je recommande à tous vivement la lecture.

Contrairement à ce qui est dit, ici et là, il n'est nul besoin de posséder une culture philosophique considérable pour l'aborder.


Michel BLAISE. © 2021

          


Vindicta, Cédric Sire


                                                             Thriller



Vindicta (Cédric Sire Metropolis, 2021) débute par le braquage d'une bijouterie qui finit mal. Les quatre jeunes cambrioleurs, contraints de prendre la fuite sans le butin, sont la cible des balles du bijoutier qui les poursuit.

Au cours de leur fuite précipitée, la jeune fille de la bande, au volant du véhicule, renverse une enfant de dix ans, Valentine, qui meurt sur la table d'opération.

Au même moment, Olivier Salva
, inspecteur d'une espèce d'électron libre, relégué à des missions de surveillance pour avoir subtilisé de la drogue dans les scellés du commissariat, « planque » aux abords de la bijouterie. le bijoutier doit remettre à un avocat véreux un collier volé en échange de l'argent qui est, précisément, l'objet du braquage, ce qu'ignorait Olivier.

Mais sur les injections de son collègue et de sa hiérarchie, Salva ne doit pas intervenir afin de ne pas empêcher le braquage, seul le collier doit demeurer sa priorité. Une fois de plus Olivier désobéit, mais trop tard, il n'a pas eu le temps d'empêcher ni la tentative de cambriolage ni la mort collatérale de l'enfant.

Animé d'un sentiment de culpabilité qui ne le quittera pas, et malgré les injonctions de sa hiérarchie, il s'introduit dans l'enquête, rencontre Marie, la mère de l'enfant avec laquelle il nouera, progressivement et institue une relation intime contraire à la déontologie.

Enfin, l'auteur, sans que l'on saisisse la connexion avec ce qui précède, intercale certains chapitres relatifs à la description d'exactions en terres ennemies, d'une sauvagerie et d'une cruauté extrêmes, d'un groupe de militaires français des forces d'interventions spéciales, sous le commandement « légitime », à l'encontre de terroristes en territoire étranger.

Ce dernier point n'est pas dérangeant, en tant que tel, il est la signature de l'auteur.

Cependant, on peut reprocher à celui-ci, dans cet ouvrage en tout cas, une fréquence inefficace n'apportant aucune plus-value au roman.

Est-ce à dire que celui-ci est mauvais : absolument pas : les personnages, les dialogues sont assurément bien travaillés ; l'intrigue, les paysages et les décors également. le suspense est parfaitement bien traité : l'écriture et le style sont très honorables.

Cédric Sire est un auteur qui mérite de poursuivre son ascension dans le monde littéraire du roman policier au sens large.

Je recommande son livre qui est particulièrement la promesse de bons moments d'évasions.


Michel BLAISE. © 2021


Dieu, La science, les preuves, Michel-Yves Bolloré Olivier Bonnassies


                                              Science, religion


"Au mystère de la question "Qui est à l'origine de l'univers", les religions répondent par un mystère plus insoutenable encore : Dieu..." (Romano Celli)

"Dieu - La science et les preuves" de Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies (éditeur Guy Trédaniel) - préfacé par Robert W. Wilson, prix Nobel de Physique -, est - en l'état actuel des connaissances scientifiques, de toutes les dernières et très sérieuses découvertes et réflexions - le livre essentiel pour qui se pose les seules questions qui vaillent : d'où venons-nous et où allons-nous ?

Contrairement à ce que pourrait laissait entendre le titre de l'ouvrage, il n'est nullement de religion. Non par principe ou idéologie. Les auteurs, à peine de ruiner la crédibilité et l'objectivité de leurs démonstrations et d'en dénaturer le sens et la portée, se sont attachés, avec une remarquable rigueur scientifique, à démontrer que L'Univers n'a pas toujours existé (théorie définitivement acceptée du Big Bang), qu'il va vers une fin certaine (l'entropie maximale), qu'il ne peut donc être que la création d'un "être" supérieur à lui.

"Être" au sens scientifique de l'acception. La question religieuse de celui-ci est un autre débat, de nature différente, mais pas antinomique pour autant :

"En accord avec les connaissances scientifiques actuelles, ce livre explore l'idée d'un esprit ou d'un Dieu créateur, idée que l'on retrouve dans de nombreuses religions. Il est certain que si vous êtes religieux au sens fixé par la tradition judéo-chrétienne, je ne vois pas de meilleure théorie scientifique que celle du Big Bang et de l'origine de l'univers susceptible de correspondre à ce point aux descriptions de la Genèse, cela repousse une nouvelle fois la question de l'origine ultime." (Préface W. Wilson, Harvard Prix Nobel de Physique, 28 juillet 2021).

Ce livre, tout à fait abordable à un esprit normalement cultivé, passionnant - parfois jusqu'au vertige -, est la démonstration que je soutiens depuis toujours. À savoir que la philosophie et les sciences exactes sont des disciplines similaires par la rigueur du maniement des concepts, et des inconnues, qui se distinguent de la fausse littérature, prétendument matérialiste, semblable à de la bouillie du cœur et de "la raison".

L'ouvrage compte plus de cinq cents pages, dont de belles illustrations et des documents divers très bien explicités. Il est possible de le lire en choisissant un chapitre plutôt qu'un autre, bien que je recommande une lecture intégrale et chronologique.


Michel BLAISE © 2021

True story, Kate Reed Petty

 

               

                                                 Littérature Américaine


« Tout observateur du genre humain sait combien il est difficile de raconter une expérience de telle sorte qu'aucun jugement n'interfère dans la narration » (Georg Christoph Lichtenberg)

Alice termine sa scolarité secondaire dans un lycée privé américain. Non loin de là, les élèves de l'établissement public, aspirant au championnat de la crosse (1) passent le plus clair de leur temps à organiser fêtes, beuveries, sauteries et dragues grossières.

Un soir, deux adolescents sont accusés, au bruit d'une folle rumeur à laquelle ils ne sont pas étrangers, d'avoir abusé d'Alice au moment de la ramener, ivre, à son domicile.

Alice, depuis qu'elle est au collège, s'essaye, avec son amie Haley, à l'écriture de scenarii cinématographiques. Elle ne cessera, sa vie durant, marqué par cet évènement qui se serait produit, ou pas, de rechercher la vérité.

Il s'ensuit une quête permanente de celle-ci narrée aussi bien par la victime ainsi que d'autres protagonistes du roman, témoins directs ou indirects., sans que l'on sache, pas même la présumée victime, si l'évènement – le viol -, qui va marquer les personnages du récit, a eu lieu ou non.

Il conviendra d'attendre la toute dernière page pour comprendre la subtilité et l'originalité de l'ouvrage de Kate Reed Petty.

True Story, (Gallmeiter, 2021) dont le titre n'a pas été traduit, lors de sa parution en France, est le premier roman de Kate Red Petty.

Elle court, elle court la rumeur… Pour rendre compte de celle-ci, l'auteur utilise deux procédés audacieux, empreint d'un brin de folie, mais qui fonctionnent à merveille à raison de la quasi-totalité, et de la singularité et du machiavélisme à souhait de l'intrigue. Ces procédés littéraires renforcent, sans aucun doute, la qualité exceptionnelle de cette première fiction.

La première technique littéraire – il serait inopportun de la divulguer, même si l'on comprend assez vite. La seconde est qu'il s'agit d'un roman sous la forme de casse-tête, qui fait, cependant, l'économie de flash-backs, dont la compréhension se met petit à petit en place et qui contribue, au grand plaisir du lecteur, à une montée évidente de la tension et du suspense.

On ne peut d'ailleurs s'empêcher de faire le rapprochement entre la construction de cette histoire, sous forme de puzzle et la désorganisation qui règne dans l'esprit d'Alice que l'on retrouve à chaque stade de sa vie, qui mélange, tous azimuts, ses passions cinématographiques adolescentes avec ses lettres de motivation afin d'intégrer une prestigieuse université.

L'autre particularité de fond de ce roman semble être le rapport de l'auteur au féminisme. On peut lire, ici et là, qu'il s'agirait d'un roman féministe sans autre forme de commentaires. le roman mérite néanmoins un meilleur approfondissement qu'un simple raccourci facile.

À l'heure où aux États-Unis et dans une partie de l'Europe, sous l'influence de minorité de néo-féministes minoritaires, mais néanmoins radicales, le roman de Kate Reed Petty prend le contre-pied de ce mouvement littéraire au profit d'un féminisme classique et raisonnable où la femme est l'égale de l'homme, sans affirmer « préférer des femmes qui jettent des sorts à des hommes qui construisent des EPR » ou de ces écrits narcissiques, de plus en plus nombreux et mal écrits, qui narrent les violences subies, ou pas, de ces femmes en quête de reconnaissance.

C'est un roman qui tranche et condamne définitivement tous les poncifs, insipides et égotiques de nombreux auteurs, autofictions et récits actuels.

L'écriture est irréprochable, autant que la traduction par définition. Simple, mais pas niaise ou maladroite et empruntée, tout en étant rigoureuse. Les qualités narratives de l'auteur sont exceptionnelles, alternant les différents modes de narration et de focalisation qui subliment à la fois la qualité de l'écriture que le fond du récit et, plus particulièrement, la tension de celui-ci.

À titre d'exemple, fait exceptionnel, l'auteur, par l'intermédiaire d'Alice, utilise parfaitement, lorsqu'elle propose sa voix à ses prétendus agresseurs, la deuxième personne du singulier (le "tu" de narration interne).

En résumé, c'est un roman subtil, intelligent et addictif comme rarement il m'a été permis d'en lire ces derniers temps.

Kate Red Petty réussit un livre remarquable qui autorise d'en espérer l'écriture rapide d'un deuxième.

Michel BLAISE ©

1- La crosse est un sport collectif d'origine amérindienne où les joueurs se servent d'une crosse pour mettre une balle dans le but adverse… (Note du traducteur P. 27)